L’inspecteur de la Sûreté Rossignol écrit dans ses mémoires qu’il est bon, si l’on est attaqué ou si l’on attaque quelqu’un, de tirer toujours deux coups de revolver, le premier dans le ventre du sujet, le second en l’air. À l’arrivée de la police – laquelle accourt à ce signal convenu – on déclare avoir tiré le premier coup en l’air et le second… quand on n’a pu faire autrement. Ce faible débours d’imagination consolide la réputation d’un honnête homme.
Remarquons que l’amateur inexpérimenté peut tirer autant de coups de revolver qu’il lui plaira dans le ventre de qui lui plaira, jusqu’à ce qu’il soit informé, d’une manière quelconque, qu’il a touché le but. Il n’a qu’à signaler ensuite que toutes ses cartouches, moins une, ont été brûlées en l’air.
Le coût d’une cible humaine est de seize francs. Pour assurer la régularité des épreuves, les revolvers dont la longueur n’atteint pas quatorze centimètres sont prohibés.
Par abonnement annuel, pour cette même somme de seize francs versée d’avance, le contribuable a droit à un nombre de cibles illimité.