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Citation de genou


genou
24 septembre 2016
HANNETONS, HAMEÇONS ET HANOTAUX
En lisant, avec intérêt, le Balzac imprimeur, de M. Gabriel Hanotaux, nous avons rencontré, avec un intérêt plus grand, la phrase suivante : « Il éparpilla sa vie entre les diverses « inconnues » qui se prirent au hameçon de sa gloire » (Le Journal, 25 mars). Nous pensons bien que l’honorable et récent signataire du « Rapport sur l’orthographe et sur la syntaxe présenté à l’Académie française » n’a point aspiré cet h sans de pertinentes raisons. Il obéit au même instinct qui fait que le peuple dira toujours plus facilement, plus naturellement « un n’hareng », « des z’hannetons » et « le hameçon » que ce que la grammaire prescrit de dire. Sans doute n’y a-t-il là qu’une simple recherche du plaisir de la désobéissance, et une curiosité de l’inattendu. On goûte ce furtif plaisir, usé mais toujours pur, par un exemple emprunté au théâtre : l’admirable Magloire, des Pilules du Diable, chu du haut des airs dans la verrerie, raconte à Seringuinos ses terreurs fantastiques au sujet « d’un gros oiseau…
— Un z’oiseau ? » s’exclame spontanément son auditeur. M. Hanotaux n’a eu en vue que de se donner et nous donner l’une des rares joies que nous réserve encore notre langue ; mais il a eu tort d’en mettre le sujet par écrit ; qu’arrivera-t-il à présent que, par son initiative autorisée, il fait officiel l’hiatus défendu, clandestin, et qu’on n’osait entrevoir qu’à la faveur éphémère du langage parlé ? C’est de l’expression académique, tombée désormais en désuétude, qu’on aura envie de s’emparer.
Et ceci ne peut manquer d’occasionner une contre-réforme de la réforme de l’orthographe, beaucoup plus subversive puisqu’elle remettra tout dans l’ancien ordre. M. Hanotaux ne pouvait-il donc se divertir à soléciser sans sortir de chez soi, étant à ce point favorisé de la nature qu’il en a reçu un nom dont l’article, plus fortuné que celui du hanneton ou de l’hameçon, s’élide ou ne s’élide point, au gré des personnes : l’hanotaux ou le hanotaux, car l’un et l’autre se disent ou se dit.
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