Quand il allait sur le pourtour du vallon, pour voir le temps qu'il faisait, selon la tradition, Florent était de plus en plus saisi par les perspectives de la plaine. C'étaient comme dans le ciel nuageux des sortes de boulevards que suivaient certains champs, blés en herbe ou labours, jusqu'à l'horizon. Une vision rapide qui se formait grâce à des points de repère insignifiants, une charrue abandonnée, deux ou trois piquets, des buttes qu'il n'avait jamais remarquées ou des cardères desséchées. Parfois, il murmurait : "Là-bas." Il n'y avait rien là-bas qu'une ligne de ciel, mais la moindre ombre pouvait être une maison inconnue, un train ou un fleuve avec son immense estuaire.
[André DHÔTEL, "La maison du bout du monde", éditions Pierre Horay, 1970 ; réédition Horay, 2005, chapitre IV : "Rencontres", page 66]