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Citation de Jcequejelis


Que peut faire le médecin de campagne, à la fois pédiatre et gynécologue, devant l’organisation de la vie rurale ? A la femme incombe les soins du ménage, des enfants, du petit bétail et d’une bonne partie des travaux des champs, le tout dans des conditions demeurées le plus souvent primitives. Devenue mère, comment allaiterait-elle à des heures fixes, alors qu’elle ne peut abandonner le travail qu’elle est en train d’accomplir au loin ? Aussi, je ne m’étonne plus des infections digestives pour lesquelles on m’appelle. Lait abandonné aux bataillons de mouches pendant des heures, biberons mal dosés, mal nettoyés, suffisent à expliquer les diarrhées graves pour lesquelles les parents, soudain affolés, me réclament avec véhémence « des piqûres » , tout en laissant l’enfant sucer une vieille tétine emmanchée sur un bouchon ou bien un bonbon enveloppé dans un bout de linge, cela afin d’empêcher leur rejeton, croient-ils, de se faire une hernie en criant.
Tout de suite promue gynécologue par la renommée, j’ai examiné chez elles ou j’ai vu venir à ma consultation des femmes qui disaient « avoir une maladie dans le ventre ». Plus encore que pour mes patientes de Gennevilliers, ce sont leurs servitudes de femelles qui les accablent, qui les rongent. Même enceintes, ces femmes ne connaissent aucun repos et ne se couchent qu’aux premières douleurs. Les relevailles sont hâtives, car le travail presse. A quarante ans, ces grandes créatures d’apparence robuste déballent, sur la table d’examen, des ventres effondrés, des décalcifications, des vergetures, des varices, des métrites, des ptoses, et toutes m’expriment le vœu de voir venir la ménopause, qui les délivrera enfin des risques venu d’un mari trop « venimeux », -- comme je ne comprenais pas le mot « venimeux », l’une m’a expliqué : « Ben quoi ! n mari trop faisseu d’nourrice. L’mien, y m’a déjà fabriqué sept enfants ».

289 - [Le Livre de poche n° 371, p. 421]
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