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Citation de NMTB


[Un crépuscule à Venise]

Comme la mer, comme les îles, je me suis vu couvert de sang, et maintenant de cendres violettes. Une floraison brûlante de lilas descend sous les flots, aspirée par l'abîme. Je ne suis rien de plus qu'un reflet ; et rien ne l'est plus que moi. Venise, ville unique pour se voir mourir dans l'ivresse de vivre, vraie fleur de l'océan par là : son parfum se répand dans la lumière qui expire. Ainsi l'amour, battant des ailes, plane au-dessus de la mort, et rêve de se survivre.
Une cloche,... un son d'argent tinte dans l'air d'or. Certes, c'est le ciel tintant qui sonne à ce clocher et qui murmure : Amour. Entre l'heure éblouissante qui n'est plus, et l'heure tragique qui s'avance, le moment de la prière est venu. Amour est une prière. Ecoute : la salutation angélique du coeur à la tendresse t'appelle. En vérité, heure innocente comme le désir d'aimer. Innocence, en vérité : un tel amour a l'innocence de la puérilité.
La mer implore le ciel : encore un instant de couleur, encore un instant de clarté. Et le ciel implore la toute-puissance cachée. Tout l'univers demande grâce. Et je rougirais de le faire ? Ah, pour tout l'univers, c'est à moi de le demander. A l'irrésistible dénouement de la tragédie, je ne résiste plus ; mais à la splendeur qui se retire, moi aussi, je tends les mains, et je supplie : pas encore, pas encore !
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