À l'intérieur on songe
« L’improbable poésie, son bégaiement, ses grèves »
fragment 9
À la lettre
Lorsque la lettre jaillira hors chiffres
Lorsque la lettre jaillira du sommeil où l’avait asservie le monde
Lorsque l’hypnose utilitaire aura cessé de l’enrôler
Lorsqu’elle dira non, la lettre
Lorsqu’elle bousculera ses gardiens
Lorsqu’elle débridera ses épaules encapuchonnées d’esclave
Lorsqu’elle enverra les phrases tricoter leur panique aux oubliettes
Lorsqu’elle désertera
Lorsqu’elle clouera les langues sur pilori d’incertitude
Lorsqu’elle abandonnera la clef des mots dans la soute à mirages
Et lorsque, libérée, elle démâtera le ciel, la lettre
L’avant-dernière lettre, celle
Qui fourche et ne zigzague pas, celle
Qui n’en finit jamais d’infuser ses chimies,
Lorsqu’elle jaillira
Lorsqu’elle aura conquis son ombre et perdu son revers –
Qu’adviendra-t-il
Tandis que dalles glacées, patios vides et colonnades
Attendront terriblement que vienne le soir, et même la nuit,
Sur l’à-pic de la lumière ?
//Serge Sautreau poète français (16/10/1943 - 18/03/2010)