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Citations de Andrée Viollis (15)


Andrée Viollis
La bête nazie, de toute part traquée et qui sent approcher la mort, se fait chaque jour plus féroce.
Jamais le racisme hitlérien ne commit tant de crimes.
Et quels crimes... De Pologne, de Haute-Silésie, apportés par des évadés ou des témoins épouvantés, nous parviennent des récits d'horreurs qui ne furent jamais surpassées. Même au lointain des âges de la barbarie, lorsque les vainqueurs écorchaient vifs leurs ennemis et les passaient au fil de l'épée. Car ces horreurs ne sont pas le fait de soudards enfiévrés par le combat, pendant la mise à sac d'une ville enlevée d'assaut, mais préméditées et perpétrées de sang-froid, avec un raffinement de cruauté scientifique et sadique.
Il faut choisir entre tant d'exemples ; voici l'un des plus monstrueux : c'était il y a quelques mois, après la révolte des Juifs du ghetto de VARSOVIE, qui, sachant qu'ils allaient être déportés en masse se défendirent en désespérés. Les Allemands y laissèrent près d'un millier des leurs. Un millier de surhommes tués par des parias...
Vous devinez leur rage.
Les survivants furent emmenés dans un camp à une
quinzaine de kilomètres au sud de Varsovie.
Une voie ferrée était reliée à ce camp par un passage entre deux palissades. Le second matin, vers six heures, survenait
un train de marchandises. Tirant ça et là des coups de fusil, à coups de poing, à coups de botte, à coups de matraque, les geôliers poussèrent les prisonniers qui, pris de panique, se bousculaient dans l'étroit couloir, et leur ordonnèrent de monter dans les wagons.

Le racisme hitlérien : machine de guerre contre la France - (Andrée Viollis, décembre 1943)
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Maître Goefle, orfèvre de la Cour et bourgeois notable, passa une tête aux joues rubicondes par la plus haute fenêtre de sa maison rouge et blanche, regarda le ciel et soupira :
— Trop beau temps pour un jour de deuil !
C’était le seizième jour du mois de juin 1654, à Upsal, la grande ville universitaire du royaume de Suède, célèbre dans tout le monde savant.
Il était à peine sept heures du matin, un matin frais et doré. Le jeune soleil illuminait la magnifique cathédrale dont les tours gothiques, d’après le modèle de Notre-Dame de Paris, se détachaient sur le ciel transparent et pur, d’un bleu italien, paradoxal dans cette cité du Nord ; il caressait la masse trapue et les austères donjons du Château royal qu’habita Gustave Vasa, fondateur de la dynastie, et où il voulut, comme ses successeurs, être couronné et inhumé ; il colorait gaiement les visages et les vêtements de gala, de la foule dont le flux, malgré l’heure matinale, déferlait sur le terre-plein et venait battre le pied des vieux murs.
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L'hydraulique, soit par le forage de puits artésiens, soit par l'exécution de divers travaux d'irrigation, barrages et canalisations, y tient, et à juste titre, la première place. Vient ensuite le lotissement des terres collectives, habous, terres forestières et domaniales, où, en théorie, pourraient et
devraient être fixés 350.000 habitants. Mesures entraînant d'abord les dépenses préliminaires de délimitation et d'immatriculation des terres, puis les prêts de semences, les prêts en argent pour les plantations d'oliviers, d'arbres fruitiers et aussi pour le défrichement de centaines d'hectares de terres destinés aux fameux cactus. N'oublions pas les avances agricoles et la lutte contre l'usure, fléau
de toutes nos colonies.
Le gouvernement a déjà prévu et entrepris la plantation de dix millions d'oliviers, dont 200.000 pour le début de 1939. Des moniteurs agricoles seraient chargés de diriger et surveiller ces exploitations naissantes.
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Je ne visiterai donc pas Élisabethville, mais, par la fenêtre, je contemple les énormes bâtiments et les hautes cheminées d'usines qui évoquent Manchester. Et je sais qu'avec ses 5 000 Européens et ses 25 000 mineurs et ouvriers indigènes, la ville, plus riche que Léo, la capitale, est le siège
de la très puissante Union minière du haut Katanga, qui compte une douzaine de mines : cuivre, cobalt, étain, radium, métaux précieux, et aussi des usines métallurgiques, avec une dizaine de sociétés filiales : électricité, forces hydroélectriques, [minoteries, charbonnages, etc. La société a investi dans cette affaire des capitaux représentant plusieurs milliards de francs, et sa production de cuivre, qui, en 1939, était de 123 000 tonnes, fut poussée pendant la guerre jusqu'à 168000 tonnes par an, livrées au gouvernement britannique. Mieux encore, Élisabethville possède l'uranium qui fut naguère secrètement acheté et exploité par les Américains ; de sorte qu'elle peut être considérée comme la patrie d'origine de cette bombe atomique, dont la naissance a bouleversé le monde.
Mais Élisabethville est surtout la capitale du cuivre. Et cette prodigieuse puissance capitaliste est née parce qu'à la fin du siècle dernier un jeune
géologue, Jules Cornet, adjoint à l'expédition Biot-Francqui, que l'on jugeait comme un doux rêveur, parcourut le Katanga, un marteau à la main, prélevant des échantillons de pierres et de minerais. Il avait deviné la fabuleuse richesse de ce pays sauvage.
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Juste le temps d'apercevoir l'immense Skymaster quadrimoteur D. C. 4, tout en argent vif, avec un collier de tendre azur ; nous l'escaladons en hâte,
et nous installons chacun dans un fauteuil que, sauf pour les brèves escales, nous ne quitterons plus avant Léopoldville, capitale du Congo.

Des fauteuils au très haut dossier, rangés deux par deux de chaque côté de la travée centrale, tout au long du fuseau blanc ; lampes au plafond, poste de l'équipage à l'avant, cabinet de toilette et office à l'arrière, tel est notre domaine. Il y a quarante-quatre fauteuils, et tous sont occupés. Avec le pilote et ses officiers, nous sommes plus de cinquante à bord. Sans compter la gracieuse hôtesse de l'air, la plus jolie de celles que j'avais
aperçues à terre, toute mince dans son strict uniforme bleu, le calot réglementaire crânement posé sur les boucles blondes qui encadrent un
visage de porcelaine.

Tout à coup, inscription en lettres rouges à l'avant : Prière d'attacher vos ceintures. Et voilà que le monstre d'argent s'ébroue, éternue, grogne, ronfle, rabote durement le sol, le quitte, retombe pesamment, tourne... Je risque un œil par le hublot, puis le ferme. J'ai pourtant l'habitude, mais la terre, les maisons, les arbres, suspendus là, au-dessus de ma tête, cela m'afflige toujours du plus singulier vertige. Puis le halètement désordonné des moteurs se calme ; c'est maintenant une respiration rythmée.
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Depuis ma visite au Cercle militaire, je ne cessais de penser à ces "maîtres de l'heure". Je m'efforçais, derrière les lunettes d'écaille, signe de la civilisation moderne, de déchiffrer l'énigme des étroites prunelles.
L'esprit belliqueux des jeunes officiers, leur appétit de conquête? Soit. On n'est pas officier pour cueillir les fleurs de la paix. Leur animosité, leur méfiance à l'égard du pouvoir civil ? A la rigueur. Elles existent, plus ou moins avouées, dans le coeur des galonnés de tous pays. Leur haine de l'internationalisme ? Très naturelle, puisqu'elle abolit les frontières et la guerre.
Mais j'avais discerné dans le yeux, la voix, l'attitude de ces jeunes chefs japonais je ne sais quelle étrange exaltation, quelle fervente austérité dont l'origine m'échappait encore.
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Ne vous rebiffez pas. Vous savez fort bien que nous sommes en route vers le fascisme et peut-être à la veille d'une dictature militaire. La constitution que nous avions reçue de notre grand empereur Meiji est en danger ; l'oeuvre de ces soixante dernières années pour construire un Etat moderne, libéral et progressif semble compromise. Nous sommes sur le point de rompre le pacte qui nous unit aux nations qui furent nos alliées et s'efforcent de maintenir la paix. Nous courons aux pires aventures.
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Camille poussa la porte du couloir obscur qui sentait les champignons et le salpêtre, et, franchissant d’un bond les trois marches du seuil, sauta dans la lumière.
Elle demeura un instant immobile, éblouie, clignotant vers la dune escarpée dont les herbes claires tremblaient sur le ciel. On entendait des pas dans la maison, des voix, des bruits de malles traînées sur le plancher, de placards et de tiroirs ouverts et fermés, tout le tumulte de l’arrivée. Des persiennes rabattues claquèrent au-dessus de la fillette. Alors, craignant d’être aperçue, elle se glissa furtivement le long du mur, tourna, et levant la tête vers la façade de côté, que trouait une seule lucarne en pointe :
— Michel ! appela-t-elle à demi-voix.
Un garçon de quinze à seize ans apparut, la tête hérissée de cheveux noirs, les yeux brillants, la lèvre supérieure mâchurée de poils et relevée sur de larges dents blanches dont l’une, en bas, était un peu cassée. Il était en bras de chemise et nouait une régate rouge autour de son col de flanelle.
— Que veux-tu, Criquet ? demanda-t-il. Comment ? Déjà en costume de voyou ?
Elle mit les deux mains dans les poches de sa culotte.
— Comme tu vois, fit-elle satisfaite.
Puis, d’un ton suppliant :
— Je t’attends : viens vite tout revoir avec moi !
Michel haussa les épaules.
— J’ai bien le temps… Sois tranquille, ça n’a pas bougé depuis l’an dernier… Je te rejoindrai tout à l’heure.
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En contraste, ces scènes toutes récentes pendant les combats de Changhaï : soldats trapus, la machoire saillante sous le casque, poursuivant à pas d'ogre de maigres silhouettes fuyantes ; faces convulsées par un rictus, revolvers braqués, crosses s'abattant et sonnant sur des échines ployées ; et ce jeune matelot aux rondes joues d'abricot qui pique de sa baïonnette les reins d'une vieille Chinoise. Elle vacille sur ses pauvres pieds déformés, tombe, se relève avec de lamentables cris de souris traquée... Visions rapides fixées dans mon esprit comme par un éclair de magnésium.
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Mais parmi les jeunes, beaucoup d'entre elles, chevelures serrées dans des bandeaux de soie rouge ou tête nue, les mains crânement enfoncées dans les poches d'un modeste golf de laine, le pas élastique, semblent secouer de leurs courtes boucles des bouffées d'air marin et de libres vacances.
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C'est la première fois que, suivant le terme technique de notre argot de reporters, je suis surun voyage officiel. J'accompagne M. Paul Reynaud, ministre des Colonies, dans sa mission d'étude en Indochine. Cet honneur je ne l'ai pas sollicité. Mon rédacteur en chef, Elie J. Bois, qui a un flair étonnant pour prévoir les événements, m'a dit l'autre jour.
Vous me demandez depuis longtemps d'aller voir ce qui se passe en Extrême-Orient, Chine, Japon. Voici l'occasion.
J'objecte :
Je n'ai jamais suivi de ministre en voyage et je ne sais pas en outre si j'ai la fibre très coloniale.
Qu'importe? On ne vous demande nullement votre opinion, ni des opinions, mais des compte rendus, objectifs, pittoresques si possible. Soit. J'ai d'ailleurs mon idée. J'ai été profondément émue par le courageux et douloureux Viel-Nam de Roubaud, par les Jauniers de Paul Monet. Je ne serais pas fâchée d'aller y voir par moi-même.
Voilà donc quelques jours que nous naviguons. Le
d'Artagnan est tout éclatant de lumières et de toilettes.
Pas une cabine n'est libre à bord. Apprenant que le
ministre voyagerait sur ce paquebot, fonctionnaires, colons, gens de finances et d'industrie, bousculant leurs congés, se sont précipités.
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