Vu de l’intérieur, tout se confondait dans la même fluidité pâle. Dehors, cette unité éclate – la mer gonfle, explose, se chiffonne de crêtes d’écume, s’enfle dans un rapide mûrissement des masses d’eau qui exhibent leurs entrailles verdâtres, me fouettent de sel, entraînent le bateau dans un glissement oblique, lui faisant heurter une vague en fuite. Au-dessus de ce chaos, le ciel demeure d’une sérénité impassible, inégale dans sa tonalité d’acier, un miroir mat qui reflète ce grain de poussière – notre bateau – perdu au milieu du néant. Le soleil ne s’est pas encore levé et cette clarté sans nuances est celle d’une planète inconnue, recouverte tout entière d’un océan des premiers âges…