Andrus Kivirähk

Il faut savoir que les serpents sont très attentifs à leur peau. C'est leur grande fierté. La moindre égratignure les fait beaucoup souffrir et lorsqu'il leur arrive quelque mésaventure, ils sont tout impatients de troquer leur vieux costume souillé pour une jaquette toute neuve.
[...]
Durant les longs mois d'hiver qu'ils passent dans leurs terriers sans jamais sortir, les mamans serpents racontent à leurs enfants des kyrielles de terrifiantes histoires de mues qui, mystérieusement dotées de mouvement, poursuivent leur ancien propriétaire pour l'étrangler. Alors, les petits serpenteaux se mettent à trembler comme des feuilles et lorsque leur mère a fini son histoire, ils sifflent sur un ton suppliant :
« Encore, maman ! Encore une histoire de mue ! »