Il faut dire que les personnes condamnées à des peines d'emprisonnement dans les établissements pénitentiaires de l'époque étaient majoritairement des hommes. Ce détail reflète bien la structure profondément genrée des droits légaux, politiques et économiques au sein de la société. Les femmes n'étant alors pas considérées comme des citoyennes à part entière, il était difficile de leur confisquer, par l'emprisonnement, des droits dont elles ne jouissaient pas. C'était notamment le cas des femmes mariées, qui n'avaient aucun statut devant la loi. D'après le droit coutumier anglais, le mariage équivalait pour les femmes à une "mort civile" statutaire, symbolisée par l'abandon du nom de naissance au profit du patronyme de l'époux. Par conséquent, la femme était plutôt punie pour s'être rebellée contre ses tâches domestiques que pour avoir failli à ses maigres responsabilités publiques. La relégation des femmes blanches à la sphère domestique les empêchait de jouer un rôle significatif dans le monde capitaliste, alors en plein essor. C'est d'autant plus vrai que le travail rémunéré était considéré comme masculin sur le plan du genre, et blanc sur le plan racial. La pérennité de la violence domestique est bien la preuve douloureuse du caractère historiquement genré des modes de châtiment.