AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Angela Davis (74)


Dès les premiers temps de l'esclavage, les femmes noires ont avorté seules. De nombreuses femmes esclaves refusaient de faire naître des enfants dans un monde de travaux forcés qui n'avait pas de fin, synonyme pour les femmes de chaînes, de fouet, et de viols quotidiens.
Commenter  J’apprécie          230
Et leur myopie historique les empêche de comprendre qu'en dépeignant le Noir comme un violeur, on invite ouvertement le Blanc à faire usage du corps de la femme noire. Cette fiction du violeur noir a toujours renforcé son complément : l'impudeur prétendue des femmes noires. Une fois que l'on a accepté que les Noirs ont une sexualité bestiale et des besoins irrépressibles, la race entière est investie de la même bestialité.
Commenter  J’apprécie          213
Il serait abusif de considérer cette institutionnalisation du viol comme l'expression du refoulement sexuel du maître, hanté par le spectre de la féminité blanche : cette explication est beaucoup trop simpliste. Le viol était une arme de domination, une arme de répression dont le but secret était d'étouffer le désir de révolte des femmes et démoraliser leurs maris.
Commenter  J’apprécie          160
Mon livre ne va pas faire plaisir à tout le monde , il va jeter un pavé dans la mare parce qu'il va nous rappeler à nous les Noirs Américains que nos premiers leaders étaient des femmes et qu'elles n'étaient pas forcément hétérosexuelles .
Commenter  J’apprécie          140
Depuis la fin du 18e siècle, époque où l'emprisonnement s'est peu à peu imposé comme la norme en matière punitive, les femmes condamnées étaient considérées comme étant, par essence, différentes de leurs homologues masculins. Certes, les hommes qui commettent le genre d'infractions considérées comme punissables par la loi sont qualifiés de déviants sociaux. Néanmoins, la criminalité masculine a toujours été perçue comme étant plus "normale" que la criminalité féminine ; il y a toujours eu une tendance à considérer les contrevenantes punies par l'État comme singulièrement plus anormales et menaçantes pour la société que leurs nombreux homologues mâles.
Lorsqu'on cherche à comprendre cette différence de perception genrée envers les personnes détenues, il faut se rappeler qu'alors même que l'enfermement devenait la norme en matière de répression publique, les femmes ont longtemps continué à subir des châtiments non reconnus comme tels. Par exemple, les femmes ont été plus souvent enfermées dans des instituts psychiatriques que dans des prisons. Les études montrant que les femmes ont plus facilement été internées en hôpital psychiatrique que les hommes semblent indiquer que, si la prison jouait un rôle central dans le contrôle des hommes, l'asile a joué un rôle similaire pour les femmes. Autrement dit, les hommes déviants étaient perçus et traités comme des criminels alors que les femmes déviantes étaient perçues comme des malades mentales. Cette construction continue à influencer de nos jours les règlements intérieurs des prisons pour femmes : les psychotropes sont toujours administrés en plus grande quantité aux femmes qu'aux prisonniers masculins.
Commenter  J’apprécie          130
« J’étais comme une exploratrice qui revient chez elle au bout de plusieurs années, avec des cadeaux précieux et personne à qui les donner. »
Commenter  J’apprécie          120
l’institution de la prison sert aujourd’hui de lieu où parquer les personnes qui incarnent les principaux problèmes sociaux
Commenter  J’apprécie          100
« Il y avait les organisations culturelles nationalistes, qui parlaient d’une nouvelle culture, d’un nouveau système de valeurs, d’un nouveau style de vie pour le peuple noir. Il y avait les factions rigoureusement opposées aux blancs, qui pensaient que seule une mesure des plus draconiennes – l’élimination de tous les blancs – pouvait délivrer le peuple noir du racisme. D’autres voulaient simplement se séparer d’eux et fonder une Nation noire, distincte à l’intérieur des Etats-Unis. Et certains voulaient retourner en Afrique, la terre de nos ancêtres. Il y avait ceux qui pensaient que la tâche la plus urgente du mouvement était de développer l’esprit d’affrontement au sein du peuple noir. Ils voulaient provoquer des soulèvements de masse semblables aux révoltes de Watts et Detroit. Très proches d’eux, il y avait ceux qui nous enjoignaient de « prendre les fusils », mais ils semblaient rarement savoir ce qu’ils allaient obtenir avec. »
Commenter  J’apprécie          90
Je décidai (...) de prendre le français comme matière principale. Cette année-là, je me plongeai totalement dans mon travail : Flaubert, Balzac, Rimbaud et les milliers de pages d'A la recherche du temps perdu, de Proust. Sartre m'intéressait toujours de façon aiguë – à chaque instant de loisir, je me plongeais dans son œuvre : La Nausée, Les Mains sales, Les Séquestrés d'Altona, ainsi que toutes ses autres pièces, anciennes ou récentes, et les romans inclus dans la série de Chemins de la Liberté. Je lus quelques-uns de ses essais philosophiques et politiques, et m'aventurai même dans L'Etre et le Néant. Puisque, d'une façon ou d'une autre, il fallait que je m'accommode de l'isolement du campus, je décidai d'en faire une utilisation constructive en passant le plus clair de mon temps dans la bibliothèque, ou cachée quelque part avec mes livres.

60 – [Le Livre de poche, n° 4898, p. 171]
Commenter  J’apprécie          90
J’espère que cet ouvrage incitera les lecteurs à remettre en question leurs propres présomptions sur la prison. Beaucoup d’entre nous sont d’ores et déjà convaincus que la peine capitale est une forme de châtiment rétrograde et qu’elle viole les principes élémentaires des droits de l’homme. Le temps est venu, me semble-t-il, d’encourager une prise de conscience similaire autour de la question carcérale
Commenter  J’apprécie          80
« Je découvris avec détresse que parmi certains leaders noirs, la tendance était d’abandonner complètement le marxisme comme étant « la chose de l’homme blanc ». J’avais depuis longtemps la certitude que, pour parvenir à ses buts ultimes, la lutte de libération des noirs aurait à s’insérer dans le mouvement révolutionnaire qui, lui, englobait tous les travailleurs. Il était aussi clair pour moi que ce mouvement devait se diriger vers le socialisme. Et je savais que les noirs – les travailleurs noirs – devaient avoir un rôle de leadership important dans la lutte finale. »
Commenter  J’apprécie          80
Il y avait beaucoup de naïveté politique dans son analyse des derniers moments de la guerre ; elle se montrait plus vulnérable que jamais à l’idéologie raciste. Dès que l’armée unioniste eut triomphé de ses opposants confédérés, Elizabeth Stanton et ses collègues exigèrent du Parti républicain une récompense pour les efforts accomplis pendant la guerre : elles réclamaient le droit de vote, comme si un traité avait été conclu ; comme si les féministes avaient lutté contre l’esclavage en visant ce droit.

Bien évidemment, les républicains n’apportèrent aucun soutien aux suffragettes après la victoire de l’Union. Ce refus émanait moins des hommes que des politiciens liés aux intérêts économiques dominants de l’époque. Dans la mesure où la guerre entre le Nord et le Sud avait pour but de renverser la classe esclavagiste sudiste, elle profitait essentiellement à la bourgeoisie nordiste, c’est-à-dire aux jeunes capitalistes enthousiastes qui avaient trouvé leur credo politique au Parti républicain. Les capitalistes du Nord cherchaient à contrôler toute l’économie de la nation. Leur lutte contre l’esclavagisme du Sud n’englobait ni la libération des Noirs ni celle des femmes.
Commenter  J’apprécie          70
Angela Davis
« La répression n’a jamais été aussi violente que lorsque les mobilisations s’opposent au capital ou à l’impérialisme qui est l’une de ses facettes. »
Commenter  J’apprécie          70
La prison fonctionne donc sur le plan idéologique comme un lieu abstrait où sont déposés les êtres indésirables afin de nous soulager de la responsabilité de penser aux vrais problèmes qui affectent les communautés dont sont largement issus les détenus
Commenter  J’apprécie          70
"On nous mit des menottes, à Anna et à moi, et on nous poussa sur le siège arrière d'une voiture de police chauffée à blanc et garée dans la cour du complexe de la prison municipale. Les fenêtres étaient fermées, et nous découvrîmes qu'il n'y avait pas de poignées de portes intérieures. L'officier de police claqua les portières et s'éloigna. Quinze minutes passèrent, puis vingt. La chaleur était devenue absolument intolérable. La sueur coulait sur nos visages et nos vêtements étaient trempés. Nous cognions contre les fenêtres et hurlions. Personne ne vient."
Commenter  J’apprécie          70
Angela Davis
We have to talk about liberating minds as well as liberating society.
Commenter  J’apprécie          60
Nous menons encore et toujours les mêmes batailles, elles ne sont jamais gagnées une fois pour toutes, mais en luttant ensemble, en communauté, nous apprenons à entrevoir de nouvelles possibilités qui, autrement, n’auraient jamais été visibles à nos yeux. En même temps nous étendons et élargissons notre conception de la liberté.
Commenter  J’apprécie          50
« Je dus faire très tôt la connaissance d’un syndrome très répandu parmi les militants noirs. En peu de mots, ils confondaient leurs activités politiques avec l’affirmation de leur virilité. Ils pensaient – et certains continuent à le penser – que le fait d’être un homme noir leur donnait des droits sur les femmes noires. »
Commenter  J’apprécie          50
3. [extrait de la postface, 2013] : « Les discours sur le multiculturalisme et la diversité ont, la plupart du temps, adopté une logique assimilationniste qui cherche à modifier la race et le genre de certains acteurs dans de grandes institutions, à teinter ces institutions d'un peu de couleur, mais sans toucher aux structures qui les sous-tendent et qui profitent du racisme et du sexisme. Le féminisme assimilationniste n'a rien de nouveau – il y a un tas de versions du féminisme qui s'accommodent très bien du racisme et de l'exploitation de classe aux XIXe, XXe et XXIe siècles. Les féminismes hégémoniques – et entre parenthèses, ce terme est utilisé au moins depuis l'émergence d'un féminisme radical porté par les femmes de couleur – adoptent une logique qui rappelle la conception selon laquelle l'obtention des droits civiques serait la victoire ultime sur le racisme. » (p. 452)
Commenter  J’apprécie          40
Nous vivons encore, en effet, dans le mythe selon lequel les esclaves ont été libérés par Lincoln. Ce mythe se perpétue à travers la culture de masse — même à travers un film comme Lincoln. Or Lincoln n’a pas libéré les esclaves. Nous vivons pareillement dans le mythe selon lequel le mouvement pour les droits civiques a libéré ceux qui étaient considérés comme des "citoyens de seconde zone". Les droits civiques, naturellement, constituent un élément essentiel de la liberté qui fut revendiquée à cette époque. Mais leur obtention n’a résolu qu’une partie du problème.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Angela Davis (485)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz plein d'étoiles (titres en littérature)

Quel écrivain, auteur de "Croc-Blanc", publie, en 1915, un roman fantastique intitulé "Le vagabond des étoiles" ?

Jack London
Romain Gary
Ernest Hemingway

10 questions
152 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , littérature américaine , bande dessinée , culture générale , poésie , étoile , littérature , livres , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..