ENTREVISTA I Angélica Liddell
Depoimento de Angélica Liddell a propósito do espectáculo "LOVE EXPOSURE: YOKO'S CORINTHIANS 13 SPEECH. BEETHOVEN - SYMPHONY NO 7", e da sua passagem pelo festival, 35º Citemor, Festival de Montemor-o-Velho. Video de Hugo Barbosa e Pamela Gallo para o blogue do festival: citemor.blogspot.com.
Le bouffon peut ôter son masque, l'hypocrite, lui, l'a incrusté dans la chair.
La foi, c'est comme aimer quelqu'un qui est là-bas dans le noir et qui ne vient jamais, même quand on l'appelle de toutes ses forces.
(Ingmar Bergman)
Vous avez vu, monsieur La Pute, vous avez vu que ce poisson a des yeux d'être humain ?
Avec tous ces Noirs qui se sont noyés, les poissons commencent à avoir des yeux d'être humain.
Avec tous ces Noirs qu'ils ont mangés, les poissons commencent à avoir des yeux d'être humain.
Ìl faudrait donner des fusils aux pêcheurs.
Parce qu'un poisson avec des yeux d'humain, il faut le tuer comme un être humain, pas vrai, monsieur La Pute ?
Parce que les Noirs sont des êtres humains comme les autres, pas vrai, monsieur La Pute ?
Personne ne dit le contraire.
Ils ont une forme d'être humain et une voix d'être humain.
Quand je pense à la tuerie d'Utoya, je ne pense ni à la douleur ni à l'horreur. Quand je pense à la tuerie d'Utoya, je pense à tous ces jeunes gens que j'aurais aimés et qui ne m'auraient jamais aimée. J'imagine leurs sexes dans ma bouche. J'imagine d'éternelles fellations. Je n'ai aucun supplément de dignité.
Il y a des choses que je dis sur scène et dont je ne suis capable de parler avec personne dans ma vie quotidienne, car j'ai bien trop de pudeur pour ça. Mais sur scène, je peux briser cette barrière de la pudeur. C'est un espace de liberté absolue, où l'on peut dire la vérité.
Je pars en quête de mon propre danger,
bénie par la liberté que m’accorde la forêt.
Je suis armée contre moi-même,
éclairée par des torches de roses.
Plus ma colère s’enflammera
plus tôt ma vie s’éteindra.
Je sais que les flèches que je décocherai avec mon arc
reviendront du ciel pour se planter dans mes propres viscères.
Je ferai cent tours sur moi-même,
ivre de férocité somptueuse,
car cette épée,
cette épée qui fait couler le sang à l’infini,
cette épée donne la vie.
Les guerres sont comme les marâtres perverses. Elles veulent toutes être la plus belle. Elles se regardent toutes dans le miroir d'une autre guerre. Et lorsqu'elles identifient une victime plus belle que la guerre elle-même, elles n'ont de cesse de la persécuter jusqu'à ce que mort s'ensuive.
[Mais comme elle ne pourrissait pas... Blanche-Neige, p. 78]
Comment se peut-il que vous soyez pas les derniers à naître ?
Maudits fils de chienne !
Je vais vous mordre la tête !
J'ai des dents de cheval et des sabots à la place des pieds !
Si je ne vous tue pas d'une morsure je vous tuerai d'une ruade !
Maudits fils de chienne !
Vous moquer d'un pauvre bossu !
Je vous jure que vous allez le regretter !
Un jour, vos corps éventrés
seront ma bouffonnerie sanglante !
Pleurez, pleurez vos putains de jouets !
Tout est de votre faute, les enfants.
Les berceaux sont pleins d'assassins.
Les écoles sont pleines de traîtres.
( L'année de Richard )
Dans mon théâtre, les personnages féminins sont généralement en rébellion. Mais pas toujours. Dans le 'Triptyque de l'affliction' [...], par exemple, il est question de famille-monstre. Les femmes y sont complices de la pourriture familiale, elles sont complices des abus. Elles ne sont pas sauvées par leur condition de femme. Tout cela est bien sûr lié au thème de ce triptyque : dans la famille-monstre, il y a forcément des mères-monstres. Rien à voir avec les humiliations infligées par le masculin, dans le cadre d'une société patriarcale et misogyne. Puis est arrivé le moment de la rébellion : quand je me suis sentie concernée de trop près par ces humiliations.
Quand je parle de la conscience d'être femme, je veux parler de la conscience d'être socialement femme, d'être une chatte parmi les bites et non une bite parmi les bites. Il faudrait vivre en dehors du monde ou être stupide pour ne pas se rendre compte de la position occupée par les femmes dans notre société, qui est une société parfaitement misogyne, où règne un paternalisme infecte, même si parfois c'est à peine perceptible. L'autre jour, quelqu'un m'a posé une question à propos du machisme dans le monde du football. Soit, mais moi, ce qui m'inquiète bien plus, c'est le machisme dans la culture. Dans certains milieux, on ne s'en cache pas, on ne dissimule pas, or je trouve ça plus inquiétant quand ça se passe dans le milieu de la culture, qui est bien plus hypocrite.