Catherine Charbonnel, le Jardinier des forêts ?
Roger Vannier, Une Histoire en suspens ?
Michel Peyramaure,
Soupes d'orties ?
Anne Barthel, Les Enfants de personne
Julie ne parlait plus. elle regardait sa fille et trouvait sur son visage les traits de l'étranger, l'homme aux semelles de vent qui lui avait fait l'amour comme un voleur. Quand elle tentait de s'en souvenir, elle en était incapable. Seul son regard lui revenait en mémoire et parfois la nuit elle en rêvait. Mais jamais son visage. Et là, brusquement sans se lasser elle le trouvait dans celui de son enfant.
- Vous ne me reconnaissez pas? lui demanda Elie.
- Comment pourrai je vous oublier alors que tous les jours je contemple mon bonheur dans les yeux de ma fille.
Qu'est ce qu'elle voulait dire ? Avec la fulgurance d'un éclair, il avait compris.
Lili, rassurée par l'accueil des parents de Pierre, s'épanouissait. Accroupie sur le sol comme une tulipe noire au coeur rouge, elle caressait la tête du chien aux yeux couleur de miel, gardien de brebis, qui la fixait intensément.
Les larmes de Julie gelaient sur ses joues. Elle était perdue. Marcher, marcher sans jamais s'arrêter sinon c'était la mort. Elle n'avait plus aucune notion du temps. Un pas, puis un autre pour rester en vie le plus longtemps possible. Pour sa fille Eliette sa raison de vivre. C'était la seule pensée qui tournait sans cesse dans sa tête.
La fillette se hissa sur ses genoux. Le visage enfoui dans ses boucles brunes, Julie chassa de son esprit celui du père de l'enfant qui venait de s'interposer entre elle et sa fille et la serra sur son coeur. Toute sa vie était là, auprès d'elle. Elle pensa :
" - Je n'ai besoin de rien d'autre. "