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4.23/5 (sur 13 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Saint-Denis de La Réunion
Biographie :

Anne Cheynet naît le 23 août 1938 à Saint-Denis de La Réunion. Elle passe son enfance à Saint-François, dans les Hauts de l’île. Après son baccalauréat, en 1956, elle part pour Aix-en-Provence où elle fait des études supérieures de psychologie.

De retour dans l’île en 1963, Anne Cheynet exerce d’abord comme professeur de lettres au collège de « Cayenne » à Saint-Pierre. Après plusieurs années comme professeur de collège, elle choisit de travailler dans le premier cycle pour enrichir son expérience professionnelle et aussi par goût du changement. Elle s’investit dans la politique, voyage, enseigne à Madagascar, à Paris, puis revient à La Réunion où elle poursuit dans le préscolaire sa carrière professionnelle, qu’elle interrompt précocement en 1986.

C’est ce goût du changement et de la diversité qui caractérise Cheynet, une artiste à multiples facettes qui se définit elle-même comme un « papillon ». Son premier recueil de poésie Matanans et Langoutis (1972) et surtout son roman Les Muselés (1977) la lancent dans le monde littéraire et la placent dans la lignée des écrivains engagés.

Fortement imprégnée de sa culture d’origine, l’œuvre d’Anne Cheynet traduit aussi la philosophie universaliste de l’écrivain et reflète son bilinguisme, voire son trilinguisme, puisqu’elle écrit aussi en créole mauricien, un métissage dans lequel elle se sent parfaitement à l’aise et considère comme une richesse. En parlant de ce métissage dans un article publié dans Le Réunionnais en février 1996, elle dit,
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Source : https://ile-en-ile.org/cheynet/
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le dimanche on mangeait fréquemment de la laitue. Dans nos traditions familiales, la salade verte n’était pas un mets de tous les jours. C'etait plutot une fantaisie qui agrémentait les repas de fête. Marraine nous servait d'abord, nous les enfants, pour se débarrasser de nous. Puis elle servait Parrain. Quand il avait reçu sa cuvette de nourriture, au-dessus de laquelle pomponnait, verte et tendre, une belle poignée de laitue je venais m'installer tout contre lui, a ses pieds, pour l'entendre manger. Je dis bien « l'entendre manger » car mon parrain avait une spécialité, que j’étais sans doute la seule a avoir remarquée ! II crommait la salade : II la faisait craquer sous ses dents avec un bruit exquis... A part les lapins, je n'avais jamais entendu personne crommer la salade. On crommait Ie graton, les pistaches, des bonbons... mais c’était ordinaire ! Crommer la salade ! Ça c'etait génial !
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Parfois, pour nous rappeler que nous étions dans la grande ville, nous croisions une carriole ou la voiturette du livreur de pain. Au contour, juste avant le lavoir, un grand pied d'hibiscus rouges, nous saluait fidèlement. Il avait l'air de se morfondre derrière son barrage de fil métallique et j'avais toujours envie de m'arrêter pour déposer un baiser au cœur d'une de ses somptueuses corolles. Mais nous n'avions plus le temps !

Nous nous séparions me du Barachois, devant l'église de l’Assomption. Alcide et sa femme allaient vendre leur bazar rue du Grand chemin. Ma sœur et moi nous poursuivions jusqu'à l'Incarnation, où nous arrivions parfois en retard. «Après la cloche ». C'était alors un véritable supplice pour moi, de me faufiler dans les rangs irréprochables du pensionnat au garde-à vous, chantant la Marseillaise ou l'hymne à Jeanne d'Arc, sous les yeux bleus et glacés de la mère Théogène, responsable de la discipline.
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On s'habituait. Ils s'habituaient a notre vie. Ils nous parlaient de la leur. Ils nous racontaient comment Henriette avait été prisonnière des Allemands, comment elle était restée dans un petit cachot ou elle ne pouvait même pas remuer...

Elles devenaient bien pales, a côté, les anecdotes que mon parrain avait ramenées de son service militaire dans I'infirmerie ! Je n'en revenais pas d'avoir une héroïne dans ma famille ! Une héroïne qui étant la, tout près de moi ! Qui mangeait a la même table que moi ! Ils racontaient encore comment les enfants avaient faim et froid. Qu'ils mendiaient du chocolat ou du chewing-gum aux soldats americains... Ils racontaient les Juifs qu'on brulait dans les fours crematoires... les camps de concentration...

J’écoutais, la bouche ouverte... C’était donc cela la guerre ?

En France on souffrait ? En France on mourrait ?
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Le Jacaranda

À l'homme qui plantait des arbres dans son jardin de Saint-Gilles les Hauts.

Il était une fois une maison que j'aimais, une maison toute souriante sous sa dentelle de lambrequins et son toit de b ardeaux. Une maison pleine de souvenirs et d'amour.
Mon grand-père l'habitait, mais c'était une demeure séculaire qui avait vu naître et mourir la plupart de ses aïeux. Cette maison se trouvait à la lisière d'une forêt. Une forêt, séculaire aussi, où se côtoyaient des espèces rares, où chantaient des oiseaux de légende...
J'adorais mon grand-père. C'était toujours chez lui que je passais les vacances. Avant même que je ne sache lire, il me livrait les trésors de sa bibliothèque. Je reniflais la mystérieuse odeur des livres. Je rêvais sur les images, sur les mots qui s'échappaient des pages pour devenir musique dans la bouche de Grand-Père...
_ Plus tard, disait-il, plustard quand tu seras grand, tu pourras tout lire ! Tout !
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L'innocence des enfants !... Qui parle d'innocence ?

J'étais un magma de désirs et de passions, un océan où se brassaient l'amour, la haine, la jalousie, dans une perpétuelle et formidable alchimie. Des boules de tendresse s'élevaient du tréfonds et se déchiquetaient, parfois douloureusement, sur les rochers impassibles de l'injustice. La haine aussi, venue de très loin, grondait, montait, et s'arrêtait, interdite, aux rivages du péché, à la barrière de cette morale, dont seuls les adultes détenaient le code. Haine et tendresse, inexprimées, refluaient en regrets, en remords, en déception, en « pourquois ». La seule innocence c'était l'impuissance. Et puis, aussi, de ne pouvoir s'y retrouver dans ces étiquettes du Bien et du Mal.

Je ne savais pas le Bien et le Mal.
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Vis-à-vis des enfants, vu que j'avais sensiblement le même âge que Maria, la fille aînée, je ne me sentais guère « tante ».

Au début J’étais un peu embarrassée, car elles parlaient français et Maman, tout en continuant elle-même à parler créole avec tout l'monde, insistait pour que nous profitions de cette occasion qui nous était donnée de « bien parler ». C'est ce qu'elle disait. Moi je me serais sentie ridicule de parler français. Un peu comme si j'avais revêtu un habit trop grand pour moi !
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Babagalé

_ Conteur : Kriké !
_ Public : Kraké !
_ Conteur : Coton maïs i coule. Et la roche ? Quoça la roche i fait ?
_ Public : La roche i flotte !
_ Conteur : Hé oui ! Il y a toutes sortes de choses sur la terre du Bon Dieu ! Et pendant ce temps, le diable danse au milieu. Mais si je raconte des mensonges, je n'en suis pas responsable !
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La sirène du bassin 18

_ Oui, Bassin 18 est un endroit charmant. Et très mystérieux aussi ! Déjà son nom : Bassin 18 ! Au début, je croyais que c'était un kilométrage ou quelque chose comme ça... Et puis, j'ai fini par connaître l'origine de cette appellation.
En fait, dans le temps, il y avait dans ce bassin des moules et des huîtres, des huîtres minuscules mais très savoureuses. Ce sont ellesqui ont fait la réputation du bassin et lui ont donné son nom : Bassin des Huîtres, Bassin des petites huîtres (en créole Bassin tizuit). Ce qui à mesure du temps et des déformations de prononciation a donné Basin 18.
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Parfois nous étions tellement émues que nos frêles voix s'enrouaient. La nuit qui tombait ajoutait à la magie fantastique de nos chants. Quand le fénoir devenait par trop angoissant, qu'on n'apercevait plus le friselis des bambous nains, l'espace, autour de nous, s'emplissait d'une rumeur étrange. Des ombres inquiétantes commençaient à se mouvoir sous la haie de bambous calumets. Nous jugions alors plus sage d’arrêter notre concert et, d'un tacite accord, nous rejoignions les autres dans la cuisine.
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Note de l'éditrice

Ses mots ? Les racines d'un arbre majestueux. Les histoires qu'elle nous susurre ? La terre dans laquelle plonge les racines. Le tronc, lui, renferme la sagesse ou l'impétuosité de nos esprits, la douceur ou la violence de nos cœurs. Les branches ? Mains pour porter des fruits. Les feuilles ? Plaisir du vent force qui nous dépasse.
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