Que venons-nous chercher auprès d'un analyste : que cessent nos tourments, un sens à la vie, une réponse à nos peurs, ce qui nous fera enfin trouver l'amour ? Parfois on ne sait pas ce qu'on peut en espérer, on sait juste que l'on vous écoutera. Et peut-être seulement ça... une écoute. Il y aura un cadre posé, pour faire protection: c'est-à-dire un lieu de rendez-vous et un moment ou deux dans la semaine retranché de la course du quotidien, pendant quelques mois ou années. Cher aussi pour ce que c'est: moins d'une heure. Comment croire que cela pourrait suffire à lever l'empêchement de vivre? Par quel miracle la parole pourra-t-elle conjurer une génération de silence, de malentendus, comment lèvera-t-elle la malédiction, le désespoir et la colère, la jalousie qui rend fou, l'insomnie, la fièvre amoureuse, le deuil ? Que demande-t-on à cette cure à laquelle on n'ose plus même croire, alors même qu'on s'y confie, presque malgré soi ? Que va-t-on perdre dans cette histoire, et que va-t-on, en chemin, trouver... Car il s'agit étrangement de la même chose: ce que l'on perd, ce que l'on trouve, mais tout autrement. Et c'est dans la transmutation presque alchimique d'une langue que cela se passe.