Parfois, au début de la nuit, il a l'impression qu'il n'est plus dans ce monde, mais dans un autre, bien plus vaste et qui pourtant tiendrait dans un mouchoir froissé au fond d'une poche. Dans cet autre monde, il n'y a ni peine, ni douleur, ni temps qui passe. C'est un monde plein de poésie et qui... il ne sait pas comment dire... qui appartient à l'animal. Il se fond en lui comme on se glisserait dans un étang sans en déranger la surface. Dans ce monde-là, il entend une voix, très douce, qui lui dit je t'aime, reste-là, je ne dure pas mais reste-là, le temps t'oubliera sans doute. Quand ça se termine, quand la nuit a étendu son emprise sur toute chose, a fait rentrer le chien, a éloigné le loup, il sent son corps dans ses moindres particules, tout lui est douleur.