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Citation de Cielvariable


On entend un claquement de fouet dans l'air sonore. Il est cinq heure du matin. À l'autre bout de Sorel, un homme relève le col de son manteau d'habitant. Ajuste sa ceinture de laine autour de ses reins. S'installe dans un sleigh américain, monté sur de hauts patins. Il parle à mi-voix. Comme celui qui est seul au monde. Il dit qu'il sait maintenant à quoi il sert. Ceci est une affaire d'homme à régler entre hommes. Le temps des sorcières est révolu. Leurs poisons, leurs charmes et leurs chaudrons de fer sont relégués parmi les berceuses et les langes. Malfaisante Elisabeth, tu l'auras voulu.

Noir sur blanc. Barbe, cheveux, yeux, cœur (ah! surtout le cœur), noir, noir, noir, le cheval et le traîneau. Et la neige blanche, aveuglante, sous tes pas, jusqu'au bout du chemin. De tous les chemins. Là où l'horizon bascule sur le vide. Tuer un homme à la limite de ce vide. Se maintenir en équilibre au bord du gouffre. le temps nécessaire pour ajuster son arme et tirer. Un gallon de sang, environ, pas beaucoup plus, à verser. Tu es médecin et connais ces choses. Ta familiarité avec la naissance et la mort n'a de comparable que celle des très vieilles femmes de campagne. Couseuses éternelles de langes et de linceuls.

Cinq heures du matin. Tu laisses tinter joyeusement les grelots au col de ton cheval. Tout comme si tu les avais toi-même autour du coup, ces clochettes exubérantes. Personne, à part toi, ne pourrait supporter l'incroyable légèreté de ton âme, ce matin.
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