AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de isallysun


Rivière-Ouelle. Me raccrocher à ce nom de village, comme à une bouée. (Le dernier village avant Kamouraska.) Tenter de faire durer le temps (cinq ou six milles avant Kamouraska). Étirer le plus possible les premières syllabes fermées de ri-vi-, les laisser s'ouvrir en è-re. Essayer en vain de retenir Ouelle, ce nom liquide qui s'enroule et fuit, se perd dans la mousse, pareil à une source. Bientôt les sonorités rocailleuses et vertes de Kamouraska vont s'entrechoquer, les unes contre les autres. Ce vieux nom algonquin; il y a jonc au bord de l'eau. Kamouraska!
Je joue avec les syllabes. Je les frappe très fort, les unes contre les autres. Couvrir toutes les voix humaines qui pourraient monter et m'attaquer en foule. Dresser un fracas de syllabes rudes et sonores. M'en faire un bouclier de pierre. Une fronde élastique et dure. Kamouraska! Kamouraska! Il y a jonc au bord de l'eau! Aïe! les voix du bas du fleuve montent à l'assaut. Parlent toutes à la fois! Les abeilles! Toujours les abeilles! Les habitants du bas du fleuve, en rangs serrés, suivent, décrivent et dénoncent, à voix de plus en plus précises et hautes, le passage d'un jeune étranger, dans son extraordinaire traîneau noir, tiré par un non moins extraordinaire cheval noir.
Commenter  J’apprécie          11





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}