Le frère et la sœur s’occupaient à faire de vastes patiences de cartes à même les dessins du tapis. Ce jeu paraissait si grave et triste que Catherine pensa que c’était sans doute ainsi que les rois et les reines en exil passaient leur temps sans royaume. Catherine tirait l’aiguille, lentement, avec de grands soupirs de sommeil. Elle accueillait des bribes de songes où Michel et Lia revenaient sans cesse, en rois et reines de cartes, se posant mutuellement la couronne sur la tête, recommençant ce geste sans fin, car c’était l’éternité.