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Citations de Anne-José Lemonnier (37)


Anne-José Lemonnier
La mort traversière
extrait 5
  
  
  
  
aujourd’hui que des ormes la confiance nous meuble
dans l’agonie de tout vers un autre village
nouveau-nés que ton sang nous étrenne la haie

l’inexpugnable haie sourdre de son néant
qu’aimaient-ils ô tragiques



connaître que tu pourrissais ô arc-en-ciel
dans la boue transversale tu démembrais
ta pureté lorsque nous eûmes devers toi
un geste concertant nous pauvres d’un sursaut

qui désaltère promettant la flétrissure
entre les yeux des ifs accentuation du socle
travaille la nuit gauche et comme irradiant
l’aile blanche des goélands sur la stupeur



rayonne bleuet doux vois la cinglante
catastrophe des artères où fut ouverte
la déception puis le temps des noëls viendra
avec le gui de l’astre clair et du courage

ne cherche plus car le chemin s’est égaré
dans la divination de la lumière il dort
comme si tout était résolu l’herbe est plus haute
que son regard dans la jonction des certitudes


/ Revue « Poésie partagée »
Editions Folle Avoine, 35850 Romillé, 1984
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 5

Nom pittoresque
Saint-Jean-du-Doigt

Les falaises sont
d’une même main
sœurs inséparables
aux liens d’écume
plus solides que le sang

L’élan est de mer
La résistance est de pierre
Mais de rien procède
la blancheur de neige
l’embrun du choc frontal

Le peintre est ce rêve
qui demeure
au travail
entre les doigts ouverts
dans le chagrin des failles

Couleurs vulnérables à l’infini
Paysage solidaire de toutes parts
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 2

Le ciel est rouge
il a neigé sur la falaise
et le sentier si fin
s’estompe dans la blancheur
tombée avec le secret des couleurs

Le rouge
le bleu
le jaune
échangent entre les choses
un courage qui n’appartient à rien

Le blanc voudrait aller jusqu’à la Laïta
couvrir les sables de l’estuaire
être mangé par l’eau à petites bouchées
être la mer
Mais le peintre l’engrange dans un cercle gris

Dans le temps du tableau
la falaise a pris la forme d’une palette

L’attention de la main qui souleva la neige
pour mieux lire le nom des lieux n’a pas fondu
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Anne-José Lemonnier
La mort traversière
extrait 4
  
  
  
  
l’écluse regorgeait de l’angoisse des plaines
parmi ce nom l’évanouissement sûr
des arches de ton corps

blessé dans l’hirondelle
qu’il fit de sa violence native un sacrement



l’âme recrue c’était encore une autre plaie
qu’en la bruyère notre âme écartelait

mais tu rêvais d’ouvrir le nom torrentueux
de tant d’amour aux cils devers la mort



la rose était charnelle que l’angoisse
creusait dans l’indistincte mort
des prairies

tout l’ajonc reprenait ce hurlement charnel
qu’en l’automne abreuvèrent de souffrance les yeux
- infinitude !



/ Revue « Poésie partagée »
Editions Folle Avoine, 35850 Romillé, 1984
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La sublime beauté à laquelle même un grand artiste n'atteint pas toujours,c'est cela Noël,une grâce qui dure le temps d'une visite et qu'aucune volonté ne rappellera.Il faut vivre de la désirer.
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Anne-José Lemonnier
Le crayon
creuse
à même
la bruine

Laboure
une vie
dans son chagrin
son endurance

Visage qui penche
de fatigue
les yeux scellés
de brume

Absence
ou repli extrême
à l'intérieur capté
à la mine grave

Quelle en-tête
pour l'âme
cette femme
de Plougastel
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 3

Une tempête vieille de cent dix ans
couve encore au creux des vagues

Hypnose du regard
elle a pétri dans la falaise
l’homme et la femme
selon la volonté du vent
synonyme ici
de discipline élémentaire
de destin

Les lieux font leur œuvre
en dessinant à la pierre
nos déchirures
À chaque anfractuosité
son âme sœur

Inquiétude plutôt qu’extase
l’osmose de souffrance
arrache aux falaises du sang
Une gestuelle quotidienne
tisse l’étoffe en damier
du paysage
au métier des saisons

Tout prépare l’hiver
comme un autre nom du courage
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 1

Il reste au paysage
ce que la mer en sa violence laisse debout
quelques chaumières bien tapies contre le sol
toits immenses et pentus
destinés aux pluies interminables
avec deux cheminées pour naviguer l’hiver

Dans le rose aussi vieux
que l’amitié du monde
un piétinement dessine une présence
Le ciel porte l’empreinte de trois nuages
Sur ce hameau perdu sans nom
ces toits voués au seul baptême des hivers
la signature est fausse mais l’école juste

La mer invisible ordonne les plans
le sentier la devine à sa rumeur
à sa force qui interdit la verticale
et pose la sagesse en aplats de couleurs
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Anne-José Lemonnier
La mort traversière
extrait 3
  
  
  
  
prête l’ogive et seule ton âme prie
mourir est un visage à ne plus taire

l’ogive sur ton âme comme leur faix
de solitude

lèvres mues
en l’infrangible amour



arable ta paupière sur la contrée perdue
des maïs morts l’enfance tournoyait
entre nos doigts fragilement sauvée

dans une étreinte même
du sol et des sanglots

la mort était comprise jeunesse bleue
des glands qui encerclaient notre ère
déjà dans son écroulement



/ Revue « Poésie partagée »
Editions Folle Avoine, 35850 Romillé, 1984
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 7

l’île a ébauché
jour sur jour
avant d’atteindre
au bleu turquoise

J’ai marché
dans la hiérarchie des falaises
et cherché sur les pentes
l’esquisse d’un sentier

Entre la bruyère les ajoncs les fougères
il n’y avait
que le tutoiement du poème
où poser l’âme

Au service de la beauté
tout obéi tout seul
Infinies sont
les heures d’ouverture
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 6

Un chat dort à la page ouverte
paraphant de son corps
l’alliance de travail
où se grave le temps
cette longue amitié du paysage

Rides accentuées au front de la falaise
le violet de la bruyère déteint l’estampe
Le chat en boucle décalque l’écho exact
de la courbe lente prise par le granit

Les vagues montent
en aquarelle bleue et verte
La frange rouge du sable
déchire d’étonnement
les nuages

Consolation toujours à l’œuvre
le paysage sécrète en soi
des synonymes à la sérénité
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L'angoisse est un arbre à secouer pour qu'il laisse tomber des mots.
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 8

L’aquarelle allège la falaise
du poids de sa pierre
peinte à l’extrait précieux
de la bruyère

qui veille là
sans âge et de tous les âges
cueillie par le pinceau
sans arrêter la sève

La mer tient toute en quelques traits
Les arbres balaient de tourment le ciel

Pèlerinage en l’esprit des lieux
aux sources de chaque tableau
les pas estampillent les mots
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Les yeux de l’Aven (2)



Paysage de Bretagne
extrait 4

Le gouffre étrangle
tout l’horizon
en excitant
les bouillons fous
d’une vague grise
tissée de longs reflets

Visages en filigrane sur le granit
Prière gravée aux âmes de quels noyés
la toile est peinte à la hauteur de la légende
et du vertige abrupt qui encadre le ciel
bleu d’encre
avec des trouées jaunes
dans les nuages
stylisés par le zen japonais

le gouffre le Vorhor écume
des siècles de souffrance
en la falaise de Camaret
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Les yeux de l’Aven (I)



L’École a pour enceinte claire…

L’École a pour enceinte claire
un Bois d’Amour
Au secret de ses eaux l’Aven charrie
les brouillons recouverts inaboutis

Les peintres sont tous morts
mais il reste les arbres
comme maîtres d’école
et mémoire commune
Le vent les tourmente
d’une étreinte attentive

Troncs filiformes presque trop frêles
pour porter leur cime telle une œuvre
qui a bu leur sève absorbé leur substance
souffert leur destin
ils s’estompent
et la brume tire des traits

Sur les pierres foncées de la méditation
un siècle amarré là
et combien de saisons
d’hivers aimés par-dessus tout
ont façonné aux écorces rouges
l’intimité de veines
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Les yeux de l’Aven (I)



Le paysage naît…

Le paysage naît
avec le Bois d’Amour
Dans la brume le soleil est
une voix qui résurgit
Mettez du jaune*

Où la lumière ordonne
Mettez du vermillon
le peintre a payé
de son sang et de sa vie

Aujourd’hui les arbres auront l’écorce bleue
Nous marchons adossés au ciel d’une journée
Dans les yeux de l’Aven
le Bois d’Amour
décalque ses aplats

Depuis l’aube des temps
le bleu s’appelle Marie

Qui se prendra au jeu
de baptiser les couleurs
une à une
de repeindre le Talisman
par des prénoms
en nombre insuffisant
pour toutes les nuances
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Les yeux de l’Aven (I)



Meules romanes…

Meules romanes
chapelles vouées aux gestes
le paysage bleu s’en remet
à l’Ecole qui lui donna
la peinture pour sœur jumelle

Aux franges des labours
les rides en écho
sur le front de la mer
et la pensée des hommes
marquent l’osmose des instants
déchiffrés à la lettre
à l’arbre à l’herbe près

Il ne t’aura manqué
que le sceau des nuages
sur les notices lues
relues par l’océan
pour affirmer
la part exacte des couleurs
dans l’unicité des journées

Cet arbre généalogique de la lumière
aux ramifications trop infimes pour la mémoire
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Les yeux de l’Aven (I)



Avec le blé salé …

Avec le blé salé
à la fleur des embruns
le pain aura le goût du bleu épice rare

À l’abri de la meule
deux femmes éreintées
sont tombées de fatigue
La tête repose sans chiffonner la coiffe
La souffrance sans abîmer la poésie

À l’angle droit de l’aquarelle
une larme déborde le périmètre
accordé à la douleur dans les jours
et se cache en leur coin le plus invisible

Les sabots gisent
La main se tend vers eux d’instinct
pour les remettre côte à côte
comme si un geste suffisait
à rechausser les pas de leur courage
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Les yeux de l’Aven (I)



La Moisson au bord de la mer...

La moisson au bord de la mer a commencé
dans une violence à rythmer
entre jaune et bleu guerre et paix

Le paysage existe
en aplats de désir
cernés d’un trait
qui intensifie leur plain-chant
et foncés par le sel en leur fatalité

Tout obéit à une pente de sagesse
La mer justifiera les vies
comme un texte imprimé

Pour la femme emmurée
dans le silence de son geste
les épis sont
des veines très tenaces de lumière
et qui souffrent d’être arrachées

A mettre en gerbe des mots
ficeler des larmes
les années se sont envolées
en file indienne
au long du même champ
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Les yeux de l’Aven (I)



Il a plu…

Il a plu
et le rose affermit son assise
jailli des nuages
comme d’un encrier
Je m’exerce à un rythme ancien
à l’école de tout destin

Le peintre savait
quelle secrète blessure
se guérit par le rose
quelle épure il exige
avant de faire corps
avec le bleu

Sur ce rose
les pas seront toujours trop lourds
et les sentiments trop humains
Quant au bleu
il faut y nager
avec sa mort

Pour la glaneuse
du dernier champ
mûri en haute vague
la promenade a
ses lettres de noblesse et de bonté
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