Je suis en manque de paroles. Je suis en manque de reconnaissance. Regardez-moi, je suis là. J'existe. La plupart des gens pensent que converser, c'est parler. A défaut, je les observe. Je les regarde, je les sens. Mon odorat se développe depuis que mon ouïe a failli. Je les déchiffre à leurs mouvements, à leurs parfums. À la manière dont ils agitent la main pour commander un café. Je devine, en silence, le timide, l'orgueilleux, le sans-gêne, le jaloux. Être privée de cette interaction me pousse dans un rôle animal. Je communique, mais je ne converse pas. Ça n'a pas l'air de les déranger