La vue, faculté humaine naturelle, à l'instar de l'ouïe et de la locomotion, semble ainsi déterminée par la convention, par la coutume, témoignant de l'emprise du nomos sur l'action humaine et sur sa perception du monde, du risque aussi, pour les sens, de s'arrêter à ce qui est seulement le fruit de l'accord entre les individus, à l'apparence, sans être capables d'atteindre la nature elle-même qui reste alors, par conséquent, cachée.
Il s'agit là certes d'une simple conjecture, pourtant il semble qu'Antiphon ne croit pas à une survie de l'âme après la mort du corps. Ainsi peut-on interpréter la phrase suivante " Il y a des gens qui ne vivent pas la vie présente : c'est tout comme s'ils se préparaient, en y consacrant toute leur ardeur, à vivre on ne sait quelle autre vie, mais pas celle-ci. Et pendant qu'ils font cela, le temps s'en va et il est perdu".
Les sens risquent toujours de s'arrêter aux apparences, si souvent influencés qu'ils sont par la coutume et la loi. Ils fournissent en outre une connaissance obscurcie par les caractéristiques physiologiques de l'individu percevant.