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Citation de annielavigne


– Bon, j’en ai assez ! Aurais-tu l’amabilité de me dire où je me trouve ?
Henri leva les yeux au ciel, et je lus sur son visage qu’il se demandait s’il devait me dire la vérité. En fait, je crus déceler chez lui une envie folle de tout déballer.
– Ah, c’est bien moi. Incapable de tenir ma langue. Je vais tout te dire, mais promets-moi de garder cela pour toi.
– Promis.
– Tu es dans un dîner de starlettes.
– Quoi ? Je ne comprends pas. Qu’est-ce que ça veut dire, un « dîner de starlettes » ?
– C’est comme un dîner de cons, sauf qu’au lieu d’inviter un con, on invite chacun une belle jeune femme, et celui qui amène le plus beau morceau… gagne.
– Quoi ?! Mais c’est…
– Très entertaining ! Et il n’y en a jamais une qui se soit plainte. Certaines filles ressortent d’ici avec un contrat de mannequin…
– Ou de danseuse exotique ! ajoutai-je, furieuse d’avoir été la pièce d’un jeu dont je ne connaissais pas les règles.
Henri avait très bien compris mon insinuation. Sa voix était très douce, sans aucune malice. On aurait dit qu’il ne cherchait même pas à se défendre, mais juste à m’expliquer les faits.
– Dans notre milieu, les filles qui vendent leur corps le font parce que cela les arrange. Personne ne force personne. Et des milliers de filles aimeraient se retrouver ici, crois-moi.
– Eh bien, pas moi !
– Regarde Isabella. C’est ici qu’elle a rencontré Frantz et qu’elle est devenue mannequin, enchaîna-t-il sans tenir compte de mes paroles. Et tu crois qu’elle est malheureuse d’avoir été un divertissement pour des gens de la haute société ? Non… Maintenant, c’est elle, la haute société.
Je demeurai muette. Je ne savais plus trop quoi penser de tout cela. C’est vrai qu’on ne nous avait fait aucun mal. Henri, lui, semblait tout à fait à l’aise avec ce concept de dîner de starlettes.
– Et qui l’a gagné, votre stupide concours de « beaux petits culs » ? demandai-je effrontément.
Un grand sourire illumina le visage d’Henri, qui semblait prendre plaisir à notre discussion.
– C’est un secret…
Il s’amusait visiblement beaucoup.
– Pourquoi avoir demandé à Frantz de nous présenter ? Pourquoi moi ? Je ne suis pas la plus belle.
– Effectivement, mais tu as les yeux pétillants, au contraire de la majorité de ces vamps au regard éteint. Sais-tu jouer la comédie ?
Je réfléchis à sa question. Savais-je jouer la comédie ?
– Oui, je crois.
– Veux-tu gagner de l’argent ?
Je fronçai les sourcils. Et voilà, le chat sortait du sac. Je me doutais bien que cet homme ne s’intéressait pas à moi pour ma divertissante compagnie.
– Non, merci ! répondis-je du tac au tac.
– Je suis réalisateur. Et je suis gai, alors, ton beau petit… popotin, tu peux le garder pour toi. Ou pour d’autres ! ajouta-t-il avant de s’esclaffer.
Je ne pus retenir un sourire. Malgré son excentricité, cet homme était réellement charmant. Il me tendit sa carte de visite, sur laquelle je posai les yeux.
– Réalisateur ? répétai-je, intéressée.
– J’ai justement besoin d’une Française pour un film que je réalise actuellement ici, à New York. C’est la dernière semaine de tournage et il ne nous reste que les scènes avec la Française à tourner, mais l’actrice a attrapé la varicelle et je dois la remplacer.
Mes yeux s’agrandirent. Actrice… dans un film américain… Quel rêve !
– L’audition, c’est quand ? demandai-je, m’imaginant déjà jouant la comédie devant une caméra.
Moi qui avais toujours voulu vivre ma vie comme un grand film… Quelle apothéose ce serait !...
– L’audition, tu viens de la passer, darling !
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