De toute manière, ce pays est encore plus indéchiffrable que dans ses pires cauchemars : les enragés de l'Etat islamique se battent contre le régime de Damas et contre toutes les autres milices, islamistes en particulier, sans excepter al-Qaïda ; les chiites aléoutes se battent contre les sunnites de tous bords ; les Kurdes désunis luttent contre Daesh, contre les Turcs et, parfois, contre - ou avec, selon le jour de la semaine - le régime de Damas ; l'aviation des Russes soutient le régime en bombardant les rebelles, barbus ou non, sans épargner les civils ; les Saoudiens et les Emiratis financent sans vergogne des groupes salafistes ; les Américains, après avoir déclenché en Irak la "mère de toutes les catastrophes", montent des opérations tordues avec leurs alliés israéliens contre les Iraniens, eux-mêmes patrons du Hezbollah, accouru à toute vitesse du Liban ; les minorités encore plus minoritaires, comme les chrétiens, les Araméens, les Turkmènes, les Tcherkesses, les Chaldéens se retrouvent comme des fourmis sur un terrain où se battraient des éléphants furibards."