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Citation de HundredDreams


Un souvenir remonte à sa mémoire : un jour, il y a de cela des années, Grand-père l’a emmené un jour dans les montagnes pour qu’il regarde les bûcherons abattre un très vieux pin argenté aussi haut que vingt-cinq hommes, véritable royaume à lui tout seul. D’une voix sourde mais résolue, les forestiers chantaient en travaillant, plantant leurs coins en rythme dans le tronc comme s’ils fichaient des aiguilles dans la cheville d’un géant, et Grand-père lui a appris les noms de leurs outils – hache, cognée, scie, serpe. Mais ce qu’Omeir se rappelle à cet instant, face au chef de convoi armé de son fouet, c’est le chagrin qu’il a éprouvé lorsque l’arbre a basculé, le tronc fracassé, au milieu des clameurs des bûcherons, et que l’air s’est soudain empli d’un parfum riche et piquant de bois éclaté. Tous semblaient exulter au spectacle de leur puissance collective, regardant s’écraser dans la broussaille ces ramures qui, des générations durant, n’avaient connu que la clarté des étoiles, la neige et les corbeaux. Omeir, lui, se sentait au bord du désespoir, mais il avait deviné que, même à son âge, cette émotion ne serait pas bien reçue, et qu’il devait la cacher à tous, y compris à son propre grand-père. Pourquoi se lamenter devant ce dont les hommes sont capables ? lui aurait-il répondu. Ce n’est pas normal qu’un enfant ait moins de sympathie pour les humains que pour le reste des créatures.
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