Citations de Antoine Albalat (44)
Je ne crois pas qu'on retire toujours du profit à lire ce que l'on préfère. Le danger d'un pareil choix est de se laisser guider par la pente des défauts que l'on a, bien plus que par le besoin des qualités que l'on cherche. Peut-être gagnerait-on davantage à essayer de goûter ce que l'on n'aime pas.
LA FORMATION DU STYLE PAR L'ASSIMILATION DES AUTEURS, Chapitre I.
La mémoire est une faculté précieuse, plus précieuse peut-être que l'intelligence, puisqu'elle arrive quelquefois à la suppléer.
COMMENT ON DEVIENT ÉCRIVAIN : Chapitre VII.
Au lieu des bons et sérieux articles d'autrefois, qu'on savourait à loisir au coin du feu, le public se contente de comptes rendus bâclés, ou même de simples annonces de librairies ; si bien que le lecteur, faute de guide, ne prend plus la peine de choisir et n'achète plus que les " prix littéraires ".
Chapitre VIII : Ce que doit être la critique littéraire.
Un livre ne contient que ce que nous y mettons et ne nous plaît que s'il répond à notre changeante sensibilité.
COMMENT ON DEVIENT ÉCRIVAIN, Chapitre VIII : ce que doit être la critique littéraire.
Le public a perdu l'habitude de penser et se contente d'être mis au courant de ce qui se passe.
COMMENT ON DEVIENT ÉCRIVAIN, Chapitre XIII.
La lecture dissipe la sécheresse, active les facultés, déchrysalide l'intelligence et met en liberté l'imagination.
On ne réfléchit pas ; on se dit : « Pourquoi ne tenterais-je pas la fortune littéraire ? Ce n'est pas par le talent qu'on arrive, mais par la camaraderie et les relations. L'homme de génie reste à la porte d'un journal où trône une rédaction médiocre. Un quart d'heure de recommandation vaut dix années de travail. Librairies, théâtre ou journaux, la littérature est une organisation commerciale dont les débouchés industriels se multiplient tous les jours. Pourquoi n'y aurait-il pas une place pour moi, quand il y en a pour tant d'autres ? »
Et on se lance.
L'avenir seul dira si l'on a eu tort ou raison…
Chapitre I : La vocation et le succès.
La littérature est un agrément, comme la peinture, l'aquarelle et la musique, une distraction noble et permise, un moyen d'embellir les heures de la vie et les ennuis de la solitude.
L'imagination est une folle, il faut la guider, la tenir, s'en servir comme d'un instrument, mais non l'employer pour elle-même, en faisant d'elle le but de l'inspiration et de l'art d'écrire.
Un livre qu'on quitte sans en avoir extrait quelque chose est un livre qu'on n'a pas lu.
On nous trouvera peut-être un peu sévère pour la Critique et messieurs les critiques. J'admire pourtant sincèrement ceux qui ont le courage de donner publiquement leur opinion. C'est une mission délicate qui n'aboutit trop souvent qu'à mécontenter tout le monde.
Chapitre IX : Ce que doit être la critique littéraire (suite).
La lecture est la plus noble des passions. Elle nourrit l'âme comme le pain nourrit le corps.
La lecture est la grande créatrice des vocations littéraires :
On lit et, à force de lire, l'envie vous prend aussi d'écrire.
Ne rien livrer au hasard, c'est économiser du travail.
La fausse psychologie (celle des trois quarts de nos débutants) n'est qu'une sorte de perpétuel commentaire appliqué aux démarches et aux gestes des personnages. On apprécie, au lieu de raconter ; on juge, au lieu de peindre ; on explique, au lieu de montrer. Tout ce qui devrait être mis en scène est mis en narration. On fait de la philosophie prosaïque, on raffine l'insignifiance, on coupe les cheveux en quatre, pendant ce temps l'observation, la vérité humaine se perdent en route.
Certes, c’est une excellente chose que d’étudier les chefs-d`oeuvre ; l’admiration conduit à l’imitation, et l’imitation est un moyen de s’assimiler les beautés d’autrui. Mais on signalait trop les perfections et pas assez les défauts. Comme le lecteur est enclin à écrire des choses médiocres, c’est l’exemple des choses médiocrement écrites qu’il faut aussi lui donner pour lui apprendre à les fuir.
Ce qu’il faut lui montrer, ce sont des phrases mauvaises qu’on peut rendre bonnes ; et dire pourquoi elles sont mauvaises, et comment on les rend bonnes. Vous ne saisirez ce que c’est que bien écrire qu’après qu’on vous aura exposé ce que c’est que mal écrire.
La vérité, c’est qu’il faut désarticuler le style et les procédés, aller au fond, sortir le muscle, décomposer la sensation et l’image ; enseigner comment on construit une période ; montrer surtout les résultats qu’on peut obtenir par l’effort, le travail et la volonté.
La lecture dissipe la sécheresse, active les facultés, déchrysalide l'intelligence et met en liberté l'imagination.
La littérature est un agrément, comme la peinture, l'aquarelle et la musique, une distraction noble et permise, un moyen d'embellir les heures de la vie et les ennuis de la solitude.
Une description ne doit jamais paraître imaginée. Voilà le grand principe.
Presque toutes les maximes de La Rochefoucauld sont empruntées à d'autres auteurs. Le plagiat est perpétuel. Celle que Sainte-Beuve admirait par-dessus tout : "Le soleil et la mort ne se peuvent regarder fixement", a été découverte mot pour mot par M. Maurevert dans une nouvelle de Cervantès. La Rochefoucauld soumettait ses maximes à ses amis ; on les revoyait ensemble ; il les polissait ensuite à son aise. Ce qui fait la beauté de son livre, c'est la force d'observation, la parti pris féroce et surtout la densité du style. La Rochefoucauld a réécrit son ouvrage plus de trente fois ; et cependant, malgré ses qualités prodigieuses, que de pensées fuyantes ou subtiles dans ce traité d'égoïsme, que n'aimaient ni Rousseau, ni Voltaire, et qui ne montre qu'un côté du coeur humain !
L'autorité qu'on s'attribue amoindrit toujours celle qu'on mérite. Pontifier est le propre de l'inexpérience et de la jeunesse.