AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Alfr


Alfr
17 février 2023
Un homme épouvantable entre se regarde dans la glace.
« -Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir ? »
L’homme épouvantable me répond : « - Monsieur, d’après les immortels principes de 89, tous les hommes sont égaux en droits ; donc je possède le droit de me mirer ; avec plaisir ou déplaisir, cela ne regarde que ma conscience. »
Au nom du bon sens, j’avais sans doute raison ; mais au point de vue de la loi, il n’avait pas tort.
Dans cette fable, l’homme épouvantable, c’est l’homme éternel, non pas l’homme bon de Rousseau, auquel Baudelaire ne croit pas, mais l’homme déchu, marqué par le péché originel. Or, il a désormais tous les droits, les droits de l’homme. Baudelaire se moque ouvertement des « immortels principes de 89 » qui donnent à chacun le droit de se regarder dans la glace. Sous l’Ancien Régime, un miroir était un objet de luxe, l’apanage de la noblesse, mais l’industrie répand désormais à bon marché la faculté de se regarder, se s’admirer. Comme l’observait Jean Starobinski, « le regard au miroir est le privilège aristocratique de l’individu qui sait se faire le comédien de soi-même », c’est-à-dire se dédoubler, se regarder comme un autre, comme un dandy, non pas se perdre comme un Narcisse dans la contemplation de soi. La démocratisation du miroir est donc pour Baudelaire un « véritable sacrilège », à la fois scandale politique et une hérésie métaphysique
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (5)voir plus




{* *}