Alors que 2023 marque le 150e anniversaire de sa naissance, Colette est à l'honneur dans "La Grande Librairie". A cette occasion, Augustin Trapenard accueille Antoine Compagnon, pour "Un été avec Colette", publié aux Editions des Equateurs, Emmanuelle Lambert, pour "Sidonie Gabrielle Colette, édité chez Gallimard, et Frédéric Maget, pour "Notre Colette : Un portrait de Colette par ses lectrices", paru chez Flammarion. Frédéric Beigbeder, Amélie Nothomb, Chantal Thomas, Mona Ozouf et Simonetta Greggio sont également présents sur le plateau de l'émission, ainsi que Marie-Christine Barrault qui lira des textes de Colette.
Durant cette soirée, les invités vont revenir sur cette femme aux multiples facettes qui a marqué le XIXe siècle grâce à sa présence dans de multiples domaines. Tout au long de sa carrière, elle n'a cessé de changer de costume, entre celui d'écrivain, de journaliste ou encore de pantomime. Une situation qui lui allait à ravir puisque Colette a toujours refusé d'être étiquetée, mais aussi qui lui permettait de vivre de manière décente. En effet, comme elle l'a confié plusieurs fois, elle écrivait pour vivre, notamment après que son troisième mari Maurice Goudeket a été pris dans une rafle, le 12 décembre 1941. du fait de ses origines juives, il est arrêté par la Gestapo, lors de la rafle dite "des notables" et transféré au camp de Compiègne. Colette va alors tout mettre en oeuvre pour l'en sortir en faisait intervenir des personnalités très influentes. Il sera finalement relâché le 6 février 1942. N'ayant pas d'autres sources de revenus, Colette va continuer à publier pour des rédactions pas très fréquentables, mais sans jamais se compromettre dans des textes idéologiques ou propagandistes.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite
Elle (Colette) appartient à l'immense génération des classiques modernes de la littérature française : Claudel, Gide, Proust, Valéry, Péguy et Colette sont nés tous les six en cinq ans, entre 1868 et 1873, et ils accapareront la première moitié du XXème siècle. Mais Colette, la seule femme dans ce bouquet, fut à la fois la plus insolente et la plus populaire.
La Recherche fait le procès de l'intelligence, lui oppose l'intuition. Avec la madeleine, le héros a l'intuition d'une autre réalité, puisque la sensation lui apporte l'extase. Nous aurons l'explication des milliers de pages plus loin, mais nous savons déjà que le bonheur de la réminiscence passe par le corps.
Il compare la lecture, toute instruction, à la digestion. Les leçons , comme les aliments, ne doivent pas être goûtées du bout des lèvres seulement , et gobées toutes crues, mais mâchées lentement, ruminées dans l'estomac afin de nourrir de leur substance l'esprit et le corps.
P. 95
NDL : sur Babelio nous nous posons souvent ce genre de questions à propos de nos lecture, trop tôt, trop vite, pas compris ? Ou tout simplement mauvaise digestion.
Quand les Gots ravagèrent la Grèce, ce qui sauva toutes les librairies d'être passées au feu, ce fut un d'entre eux, qui sema cette opinion, qu'il fallait laisser ce meuble entier aux ennemis : propre à les détourner de l'exercice militaire, et amuser à des occupations sédentaires et oisives.
P. 74
Nous lisons parce que, même si lire n’est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas.
Comme Cicéron, Montaigne pense que l'homme n'est pas vraiment lui-même dans la vie publique, le monde et le métier, mais dans la solitude, la méditation et la lecture. Plaçant la vie contemplative au-dessus de la vie active, il n'est pas encore un de ces modernes qui jugeront que l'homme se réalise dans ses activités, dans le 'negotium', le négoce, soit la négation de 'l'otium', du loisir. Cette éthique moderne du travail a été liée à la montée du protestantisme, et 'l'otium', l'oisiveté, a perdu sa valeur suprême pour devenir un synonyme de la paresse.
(p. 46)
Notre école, comme dit Montaigne, c'est celle du loisir, l'otium de l'homme libre et lettré, le chasseur de livres qui peut consacrer son temps à une occupation sans but immédiat.
La fréquentation de l'autre permet d'aller à la rencontre de soi, et la connaissance de soi permet de revenir à l'autre.
Au nom de la nature, Montaigne efface la frontière de la maladie et de la santé. Les maladies font partie de la nature; elles ont leur durée, leur cycle de vie, auquel il est plus sage de se soumettre que de prétendre le contrarier.
Le refus de la médecine fait partie de la soumission à la nature. Montaigne modifie donc le moins possible ses habitudes quand il est malade.
Vient alors la flèche du Parthe : les médecins ne vivent pas mieux ni plus longtemps que nous ; ils souffrent les mêmes maux et n'en guérissent pas davantage. (p. 124 )
"La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l'écoute" (III, 13, 1694) (p.82)