Dans cette BD, dernier tome paru de la série L'homme de l'année chez Delcourt, les auteurs s'amusent avec ce qui est sans doute le mystère historique le plus commenté par les amateurs d'Histoire et le plus exploité par la littérature : l'homme au masque de fer.
Dès la deuxième case, le lecteur un peu au fait de la réalité historique comprend que le strict respect de l'Histoire n'est pas de mise. Bénigne de Saint-Mars, celui qui fut le geôlier de cet homme dont il ne fallait pas dire le nom, voyage avec un homme au masque de fer, un vrai objet métallique, quasiment un heaume, dont les historiens s'accordent aujourd'hui à dire qu'il n'a sans doute jamais existé sous cette forme.
Cette mise au point passée, reste une belle intrigue, romanesque à souhait, utilisant les personnalités fortes des prisonniers de Pignerol. Nicolas Fouquet, l'ancien surintendant des finances, bénéficie d'un traitement de faveur, dû à son rang, mais constitue un danger potentiel pour la monarchie par l'étendue de ses relations. Lauzun, le duc séducteur invétéré, qui s'est fait une ennemie de Mme de Montespan, ne cesse de chercher à s'évader. Eustache Danger, personnage plus modeste, arrêté pour des motifs inconnus, et que même Saint-Mars ignore, devient le valet de Fouquet. Matthioli, l'espion de métier, cherche lui aussi à s'évader...
Les auteurs ont même ajouté le porte-clé de Saint-Mars, un dénommé Petitfils, clin d'oeil à l'auteur d'une étude sur cette affaire : Jean-Christian Petitfils.
Le récit, qui fait De Saint-Mars un personnage central, avec son avarice et sa vanité, est astucieux. Les dessins, et la colorisation, sont très réussis et conviennent magnifiquement à ce mixte de complot et d'aventure.
Alexandre Dumas avait perçu tout le potentiel de ce mystère dans le vicomte de Bragelonne. Cette BD offre une autre version, tout aussi romanesque, et tout aussi plaisante.
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