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Citation de michelekastner


Le jour se lève sur les derniers préparatifs de la grande Exposition. Je les vois s'agiter à mes pieds et je ne me sens bien qu'au sommet de la tour, loin du sol et d'eux. Je regarde passer ma soeur la Seine et je suis frustrée de ne pouvoir filer comme elle loin d'ici. Je les vois venir de toutes les directions, avec leurs panaches noirs et leurs sifflets, les trains chargés de machines et de travailleurs qui convergent vers moi. Ils sont partis de Marseille; d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, de Hongrie et de Russie. Le temps est clair et je vois dans les ports de la Manche les paquebots que l'on décharge. Je suis des yeux les méandres argentés de ma soeur qui coule à l'Ouest à travers la Normandie verte. Elle me parle tout le temps de notre petite cousine, Honfleur, et de son estuaire où le sang lavé de l'Histoire se dilue dans l'argent de la mer.
Depuis que Gustave m'a offert cette vue sur moi-même, je suis devenue nostalgique. Je détourne les yeux, envahie par la tristesse de l'altitude : la solitude.
Je ne sais plus, moi non plus, si je suis une femme ou une catin. Ne m'a-t-on pas collé à tous les coins de rue des guichets ? Je ne suis plus à conquérir ces derniers temps - temps de paix -, mais à vendre.
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