On démarre, on avance, on se tient droit, bien droit entre le sol et le ciel. On trouve sa cadence, sa foulée, son rythme, les obstacles on ne les voit pas - pire, on les piétine. On ne sent plus son corps, les tuyaux, les rouages, on plane, et le but que l'on s'était fixé, on se dit qu'on va bientôt l'atteindre. Au passage, on a abandonné un peu de soi, oh trois fois rien, un peu de conscience, un peu de candeur, deux ou trois gouttes d'humanité, on a troqué tout cela contre des yeux secs et un costume d'ambition. On se croit imperméable à tout. Mais voilà. Un jour. Un brouillard. Nous traverse.