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Citation de Charybde2


Georg est assis sur le banc devant la cabane et il tripote les boutons de la radio à l’antenne cassée. Paul regarde le thermomètre accroché au mur. Un peu chaud pour dire que c’est l’hiver, tu crois pas ? il demande en retirant son bonnet de laine. Il tapote le verre du doigt. Oh, ça c’est un vieux thermomètre, dit Georg en continuant à tourner le bouton de la radio, une tortue ce truc, qui affiche les températures avec deux jours de retard, il est sûrement déjà kaputt. T’en es bien sûr ? demande Paul, j’en serais pas si sûr qu’il est foutu, d’un autre côté c’est quasi pas possible que ce soit correct ce qu’il m’affiche là, on est quand même en hiver, et en hiver on a quand même pas des montées pareilles, ou alors c’est que le diable a mis un peu trop de charbon. Il se frotte la joue, décroche le thermomètre, le secoue et le tient contre son oreille. Ça nous ferait presque penser que ça se réchauffe comme disent les grenouilles de la météo à la télé, mais l’autre, de la Merica, là, la tête de nœud avec ses cheveux jaunes, il continue à dire dur comme pierre que c’est des foutaises. Comment qu’il fait pour avoir toujours cette même frisure tous les jours, ça c’est étonnant en tout cas. Georg tient la radio contre son oreille, ça grésille. Et le rien de neige qu’on veut bien nous accorder, eh ben elle fond comme un cœur de jeune fille devant Elvis, dit Paul, y a plus que sur les affiches qu’on voit vraiment de la neige pour finir, je veux même pas repenser au temps qu’on était gamins et qu’on avait pas école pendant des semaines parce qu’il y avait tellement de neige qu’on pouvait plus sortir de la maison, la première, elle arrivait en novembre au plus tard, et en avril il neigeait encore. Des murs de neige comme les immeubles de Parigi, comment tu veux dire ça à tes petits-enfants maintenant, ils croiraient direct que tu fabules, quand aujourd’hui faut se mettre à genoux et remercier le ciel et toutes les bonnes sœurs si à Noël il t’est tombé un brin de poudre, ouais, c’est tout de même devenu une curieuse histoire cette neige, ah ça c’est sûr. Georg se gratte l’arrière de la tête. Et puis tu as toujours ces paillasses qui osent encore prétendre que la météo elle serait exactement la même qu’il y a cinquante ans, il secoue la tête, si ça continue comme ça, ce sera bientôt le Maroc ici. Là-bas aussi on peut skier, dit Georg. Paul le regarde d’un air surpris, t’en es bien sûr ? Mais oui, sûr, dit Georg en opinant du chef. Ah foutaises, dit Paul, comment tu veux t’imaginer ça quand tu peux même pas luger là-bas en face, au Schneckenhof dans la Forêt-Noire, ou bien ? S’il veut déjà plus neiger ici, à qui que ça viendrait à l’idée d’aller en vacances de ski au Maroc. Georg pose la radio sur ses genoux et sort une cigarette de son paquet, évidemment qu’on peut faire du ski là-bas, il cherche ses allumettes. Y a quelqu’un qui vient, dit Paul, l’index tendu. Georg lève la tête, la cigarette lui tombe des lèvres. Ils font rapidement le tour du banc et entrent dans la cabane pour se poster derrière la vitre.
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