« Voilà trop longtemps qu’il patientait. Trop longtemps qu’il s’échinait à reconstruire un honorable empire familial, fondé au XVIe siècle. Jadis, les Van Hagen étaient les armateurs les plus prestigieux de ce monde, les rois des sept mers. En bois, à vapeur, à voile, en métal, leurs navires traversaient superbement les océans comme les époques. Ils savaient construire petit, moyen, grand, pharaonique, si leurs clients l’exigeaient. Seuls les Van Hagen eux mêmes ou de fin connaisseurs percevaient pleinement la puissance, la philosophie d’une telle entreprise, l’abnégation nécessaire pour inlassablement renouveler, innover, créer et faire perdurer cette noble entreprise qui parfois, relevait presque du mystique. »
Plus que jamais, les riches ne se mélangeaient plus aux autres. Ces derniers les appelaient avec mépris les « Topers », « Ceux d’en haut ». Lorsqu’on observait un immeuble, les derniers étages richement peints et décorés rutilaient. Le reste tombait progressivement à l’abandon. Au fur et à mesure, les propriétaires des derniers étages coulaient du béton pour bloquer l’accès aux habitants vivant dans les parties inférieures. Ils réorganisaient l’électricité, le gaz et l’eau pour vivre en autarcie.