Artémis Tanner

- Tu te rends compte que nous humaniser risquerait de nous exposer ?
- Et alors ? Si les mortels nous tolèrent, ça vaudra le coup. J'en suis sûr.
- Les humains ont déjà du mal avec ce qui ne répond pas à leur standard, je crois que tu te voiles la face. Certains sont racistes, d'autres homophobes ou encore xénophobes, et ils le sont entre eux. Pourquoi espérer d'eux qu'ils soient ouvertement indulgents avec nous alors que nous nous nourrissons d'eux ? En plus, tu disais que le Tenebris était devenu stable parce qu'il était caché à leurs yeux justement.

Nouvelle n°0

- Tu n'es rien dans cette maison. Rien. Avec ta dégaine et ta gueule, tu penses vraiment que tu pourras t'en sortir ? Aider ta mère ? Vous m'appartenez, tu m'entends ? J'ai déjà détruit ma femme, m'occuper de toi sera un jeu d'enfant et, crois-moi, je me régalerai.
[...]
- Mais qu'est-ce qu'on a bien pu te faire pour mériter ça ?
- Ta simple existence me fout la gerbe, fils.
- Je pense que ça, c'est plutôt la faute du whisky.
- Fais le malin tant que tu le peux.

Je sens tout mon être échapper à mon contrôle, ma gorge se gonfle d'air et ma bouche s'ouvre sans que je la commande. Le hurlement qui en sort me glace le sang, je ne reconnais pas ma voix ni ma panique.
Le temps défile, s'affole.
Pas moi.
Je reste inerte, ahurie, vide après ce cri qui m'a ôté toute mon énergie et ma raison.

Nouvelle n°3

Caroline et Gabriel demeuraient pour lui une grande histoire de haine et de guerre quotidienne. Entre sa mère, probablement dépressive, qui voulait rattraper le temps perdu avec toujours plus de démonstrations étouffantes et écœurantes d'amour maternel, et son père, rarement présent, Jared n'était pas heureux et ne se gênait pas pour le faire comprendre. D'un autre côté, qui le serait en voyant son géniteur à peine une fois par semaine, complètement ivre, en train de hurler toujours plus sur sa mère ?

Nous avons oublié leurs existences depuis des millénaires et effacé toute trace de leurs mystérieuses naissances. Ils ont tous pris la forme de légendes, de contes, pour effrayer les enfants turbulents, désobéissants, et les femmes qui rêvaient d'une liberté qui ne leur était pas permise par le passé.
Mais ce que l'on raconte ne se résume pas à une ombre cachée dans un placard ou sous un lit, cela va bien au-delà.

Nouvelle n°15

Ils pensent que c'est contagieux ce que j'ai ? Non, mais franchement ! Voir un homme qui vous arrive à hauteur de ceinture, qui traîne un pantalon vide de tout membre et qui marche sur ses mains, je peux comprendre que ça peut déranger, mais même si je suis né sans jambe, me répondre ne vous arrachera pas les vôtres. J'ai suffisamment honte de moi pour ne pas avoir à supporter celle des autres. Enfoirés.

Nouvelle n°1

D'un côté, il comprenait la femme meurtrie qu'elle était, d'un autre, il ne parvenait pas à s'expliquer pourquoi sa mère continuait à tolérer son père. C'était une personne intelligente, elle savait pertinemment qu'en lui ouvrant, elle permettait à la violence et à la haine de rentrer avec lui. Pourtant, elle affichait une idiotie consternante quand il s'agissait de son époux. Pourquoi ne demandait-elle pas le divorce ?

Quand j'étais là-bas, la vie était plus simple, d'une sobriété parfaite. Elle était plus sombre aussi, mais ça m'allait. Pas de prise de tête ni de prise de bec, je nageais, je me nourrissais, j'étais au cœur de ma plus palpitante existence.
Jusqu'à ce jour maudit où il a fallu que je mange le mauvais truc, que je vole le quignon d'une bouche à qui ça n'aurait probablement pas fait le même effet.

Nouvelle n°12

- Joyeux anniversaire quand même mon chéri.
- Fêter l'anniversaire d'un dépressif suicidaire qui n'a jamais demandé à naître... Tu ne crois pas que c'est manquer un peu de tact ?
Caroline le regardait, interdite. De toutes les horreurs qu'il avait bien pu lui dire, celle-ci les dépassait toutes.
- On dirait que tu gaves une oie. De la torture. C'est tout. Mais merci.

Le Circus Tenebris avait perdu une de ses plus grandes stars, mais tous ses membres savaient que rien ne les arrêterait vraiment. Tant que le mal et le vice existeraient, ils auraient toujours un endroit où aller et de la nourriture à mettre entre leurs crocs.
Même si parfois, oui, il pouvait y avoir des victimes collatérales.

Nouvelle n°7