Ce qui fait qu'un coup de pute est un coup de pute, c'est qu'il s'abat contre quelqu'un dont on a acquis la confiance. Parent, ami, collègue, amant: le cercle proche est une target privilégiée. Quand il y a de l'amour, il y a du plaisir. Car un coup de pute doit être jouissif pour passer à la postérité, c'est une autre de ses caractéristiques fondamentales. Bien plus qu'une simple trahison, à la portée de n’importe quel débutant couillu, le coup de pute se distingue par le délice qu'il suscite (le petit kif en plus). Comme un mets de luxe, il se savoure, se digère et s'inscrit dans la mémoire -tant de son auteur que de sa victime. On oublie les trahisons multiples de la vie ; on n'oublie pas un coup de pute.
A la demande de l'éditeur, le coup de pute prévu dans ce chapitre a été supprimé #poulemouillée. L'auteur vous propose un peu de lecture de remplacement.
Eh oui, Noël, dans 78 % des foyers, c’est désormais deux réveillons : le 24 et le 25 (les 22 % restant en font trois).
Pourquoi ce flou sur la date de Noël ?
En l’an de grâce 0 (easy), un marmot ne trouve rien de mieux que de pointer le bout de son divin nez un 24 décembre en fin de soirée. Hôtels de Bethléem surbookés, Trip-Advisor en maintenance, c’est le bordel, et Marie et Joseph, heureux futurs parents qui ont bien failli se séparer – une sombre histoire de conception pas tout à fait immaculée – se replient dans une
grange. L’échographie a révélé que le mioche serait un garçon, on a choisi Jésus comme prénom (Y a vraiment des parents qui réfléchissent pas beaucoup, hein).
– Pousse, mon cœur !
– J’aimerais t’y voir. Le foin, c’est pas hyper confort.
Jésus arrive, mais on n’a pas noté l’heure. Il faut dire que la nuit, à l’époque, 23 heures ou 1 heure, c’était kifkif, y avait pas l’horloge universelle.
Vous n’avez encore croisé aucun de ces petits papys bedonnants tout habillés de rouge et blanc. Vous ne vous êtes pas extasié devant ces millions de loupiotes à peine agressives – et bonjour la COP21. Vous avez résisté
à la mièvrerie qui a gagné jusqu’à Fabrice, votre n+1, d’ordinaire plus en mode Arlette Chabot que Raiponce.
Vous avez résisté aux premières attaques de Noël , vous savez que vous allez tenir bon, alors vous avez la patate et vous ne dormez pas. Bien sûr, il y a eu quelques coups durs, mais vous les avez encaissés :
– Quand Fabrice, curieusement guilleret, vous a demandé : « TU FAIS QUOI POUR NOËL ? », vous avez poliment marmonné que vous ne saviez pas encore.
Pas à pas, bouchée après bouchée, nous allons encaisser les coups ensemble (Non, je ne suis plus étudiant, depuis neuf ans, en fait), et surtout s’entraîner à
les rendre (Il a pas un petit retard mental, Lucas ?).
Parce que désormais, même si Noël vous fout les boules, vous ne le montrerez plus. Vous allez jouer le jeu. Le compte à rebours a commencé : dormez tranquille.
– Quand Enzo, le stagiaire marketing, vous a demandé :
« TU FAIS QUOI POUR NOËL ? », vous avez fait semblant de ne pas avoir entendu la question en le recentrant sur ses photocopies ; ça a du bon, la hiérarchie.
– Mais quand Lucie, votre meilleure amie, vous a demandé : « TU FAIS QUOI POUR NOËL ? », vous avez craqué et failli lui en mettre une – intimité oblige.
Sectaire
Je suis marxiste, tendance Groucho.