Artistes Magazine

« A Noël, je n’ai pas plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J’aime chaque saison pour ce qu’elle apporte » (Shakespeare).

De nos jours, on trouve des fraises en hiver, des tomates toute l’année, d’un coup d’avion on peut aller sur la plage au soleil en janvier ou skier en été. Le cycle naturel des saisons est gommé par nos moyens techniques. Mais si le consommateur y trouve son compte, la personne, l’être humain, l’artiste, en bref les autres états de notre moi ne sont-ils pas aveuglés par cette prédation du temps qui ne nous laisse pas le temps de voir, sentir, goûter les nuances de la vie.

Chagall en DVD :

Rétrospective de la vie et de l'oeuvre du peintre, accompagnée d'une découverte de son travail à travers 150 œuvres sélectionnées et réparties en 5 sections : les années russes, le théâtre juif, la galerie des fables et des petits tableaux français, la Bible et les années françaises.
Disponible en VHS et DVD (France Télévisions Distribution et Réunion des Musées Nationaux).

« Depuis mes cinq ans, j’ai la manie de copier la forme des choses ; depuis mes 50 ans, j’ai exposé de nombreux dessins, mais je n’ai rien peint d’intéressant avant d’avoir 70 ans.
A l’âge de 70 ans, j’ai commencé à comprendre la forme des herbes et des arbres, la structure des oiseaux, des insectes et des poissons. Dès lors, à 80 ans, j’espère avoir amélioré mes connaissances, à 90 ans avoir extrait l’essence secrète des choses pour ainsi connaître à 100 ans le mystère divin, et à 110 ans considérer que même un point ou une ligne est vivant. Je prie toute personne qui vivra jusque-là de vérifier mes déclarations. »
(Hokusaï)

Peindre l’eau toute seule, « incolore, inodore et sans saveur » selon la définition apprise à l’école, ce n’est sans doute pas impossible, mais ce serait comme peindre l’air, assez difficile, ou très minimaliste. Pour peindre l’eau, il faut peindre en même temps quelque chose qui la rende visible.

Aborder un pays à pied, avec un minimum d’argent en poche, ou en classe affaires avec une carte Gold, n’ouvre pas les mêmes horizons, n’amène pas à voir les mêmes choses, à recevoir les mêmes chocs esthétiques et émotionnels.

Comme tous les actifs, les artistes ont droit à une retraite le moment venu. Particularité : ils peuvent continuer leur activité artistique même en touchant leur pension.
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En effet, contrairement à un salarié classique, un artiste n’a pas obligation de cesser son activité artistique pour liquider sa retraite. S’il continue son activité, il devra payer des cotisations, y compris les cotisations de retraite de base, sur ses nouveaux droits d’auteur ou ses ventes. Pour autant, cela ne lui ouvrira lus droit à de nouveaux trimestres.

Aujourd’hui, à l’heure du tourisme de masse, bien des gens connaissent mieux Marrakech ou Bali que la ville voisine, et la distance tient lieu d’exotisme sous garantie. Alors que le Douanier Rousseau, avec pour tout viatique les images publicitaires de son temps, a rapporté de ses voyages à l’intérieur de son atelier des peintures que bien des peintres bourlingueurs peuvent lui envier. Pour le peintre, le temps du voyage n’est pas celui du déplacement mais celui de l’observation et de la retranscription.

Echapper aux clichés. Attention aussi à notre tendance, en voyage, à faire le tri entre ce qui est notoirement touristique et ce qui relève de la vie quotidienne, avec toutes les trivialités du monde moderne. Savoir relier les deux dans notre pratique de la peinture nous permet d’échapper à la redite ou au cliché, pour faire une peinture de notre temps qui, dans dix ou vingt ou trente ans, aura acquis valeur de témoignage.

L’artiste n’est pas un prédateur qui capture, avale et digère des images exotiques, mais un capteur de sensations qui reçoit et transmet. Il faut peindre, non pour faire l’inventaire des pays que l’on a « faits », mais pour raconter, en prenant son temps, ce que l’on a vu et vécu.

Elle avait choisi la peinture comme on entre en religion. Autodidacte passionnée et volontaire, Blanche Odin était devenue experte dans l’art difficile de l’aquarelle. Ses bouquets témoignent d’une grande sensibilité et d’une perfection technique sans faille.