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Citation de Fauvine


Dans la fausse sécurité de ce café, de vos manières éduquées, de votre conversation d’hommes cultivés, de vos belles idées philanthropiques, vous oubliez les malheureux et tous ceux qui ruminent les offenses, l’armée des ombres qui remâchent leurs rancunes et leur désespoir dans les coins obscurs des cafés et les faubourgs où ne parvient guère la lumière de la raison et de la philosophie. Vous oubliez la force du torrent, celle de la mer et celle de la nature qui frappent aveuglément tout ce qu’elles rencontrent sur leur passage. Vous oubliez les lois de la vie. Ainsi abîmé dans ses pensées, don Pedro éprouve un instant le besoin de donner du poing sur la table et de pointer le doigt sur l’homme que tous ignorent, comme pour signaler l’inscription sur le mur pendant le frivole, éternel et tragique festin de Balthazar. Il éprouve le besoin d’attirer leur attention sur l’obscur personnage immobile, dans le fond de la salle, en train de dévorer des yeux des gazettes et dont l’esprit dévore l’univers. Il éprouve le besoin de donner du poing sur la table et de leur dire, de leur dire qu’il sait qui enflammera le monde. Mais il finit, sur un haussement d’épaules, par saisir l’anse de sa tasse de café, et il n’en fait rien.
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