Ses livres sont concentrés et ils paraissent obscurs.
Une première lecture est comme une première visite à l’Exposition Universelle. On n’y voit rien et l’on dit : ces pauvre ! Mais à la fin on dit : c’est riche, c’est très riche, c’est trop riche pour l'étudier en six mois, au point que les membres du Jury en oublient plus de la moitié et ne comprennent pas le quart du reste. Or, les livres de Michel sont une exposition universelle, à partir de la monade initiale, de l’infiniment petit vivant, enfin, à l’infiniment grand. Nos successeurs, si la presse va toujours ainsi, seront bien étonnés, en retrouvant ces livres dans la poussière des bibliothèques.
Pour tous ceux qui ont eu l’insigne faveur de le connaître en personne, de lire et de comprendre ses oeuvres, l’être moral, chez Michel, était un diamant brut qu’il suffisait de polir pour en faire jaillir des flots de lumière.
S’il était permis de mettre en parallèle la perspicacité philosophique de cette prodigieuse intelligence, on pourrait, pour en donner une idée approximative, jusqu'à un certain point, la comparer à la merveilleuse faculté de Mondeux, le célèbre pâtre mathématicien, qui étonna le monde savant par la solution, pour ainsi dire, instantanée des problèmes les plus compliqués et les plus ardus.