Le silence et la solitude me permettront d'entrer en moi-même, de réfléchir aux questions essentielles.
C'est l'harmonie du soir. Le ciel se teinte de rose au travers des feuillages. Comment saisir un instant aussi émouvant? Une photo ne rendrait pas la poésie de cette lumière. La peinture? L'écriture?
Il est de ces lieux chargés d'absolu, si rares dans le monde, qui en étanchent momentanément la soif, et cela comble.
La pleine lune éclaire le flanc du volcan comme un phare. Le ciel bleu marine est tout émouvant d'étoiles.
Lui n'a aucune photo à me montrer; il ne possède pas de téléphone portable.
Tokyo la nuit : un paysage de bande dessinée futuriste. Des buildings crayonnés de gris, flanqués de fanaux rouges qui clignotent lentement sous les paupières grises de la nuit.
Mon hôtel est coincé dans une impasse d'Asakusabashi, à l'est de la ville, au bord d'un canal d'eau verte, immobile, où des péniches à toits de couleurs vives dorment comme assommées par la chaleur.
J'ai besoin de retrouver cet état contemplatif, auquel il est de plus en plus difficile d'accéder avec la tyrannie des mails, des SMS et autres appels inutiles.
Le jardin est silencieux. Deux fleurs d'hibiscus, une blanche et une mauve, ont été posées sur l'eau d'un bassin de pierre en forme de corolle. Comme un miroir l'eau immobile renvoie leur reflet et celui des feuillages au-dessus et s'écoule en un mince filet dans le bassin en dessous le long d'une feuille de laurier maintenue par une pierre.
Jaillissant d'une coupe de feu, le disque rouge s'élève doucement dans une nappe d'or liquide. Il s'imprime sur la rétine. C'est la première fois que j'assiste au lever du soleil. Les lueurs de l'aurore, je les ai vues quelquefois, bien sûr. L'astre solaire rond et flamboyant comme sur le drapeau japonais, jamais.