Il implorait « Monsieur, monsieur… Je veux juste vous dire…. Je peux vous les montrer, les plans de l’immeuble ! Rien n’indiquait que l’on pouvait tomber sur… cette chose… Je pensais que c’était le raccourci idéal. Regardez, regardez… » Il sortit une boulette froissée de sa manche, chercha à la déplier. Monsieur N et Hélène détournèrent le regard, gênés par cette effusion de faiblesse. « Regardez… là ! Il était juste noté “Archives”. Le chemin était parfait, parfait…
— Si parfait qu’après à peine 50 mètres dans ce souterrain infernal, nous avons été pris en chasse par une armée de créatures pleines de dents ? Si parfait que mon costume a été accroché par un jet de fléchettes que je soupçonne empoisonnées ? Si parfait que vous êtes restés englué, vous Bernard, dans un piège à mouche de la taille d’une colonne Morris… c’était moins une que vous n’y restiez aussi mon cher… sans Hélène et son entraînement survivaliste insensé – trois mois cet hiver dans la Creuse, trois mois – vous y seriez encore.
— Je sais, je sais chef... sanglotait Bernard.
Il déboucha sur les Champs-Élysées déjà blancs. Les feuilles tourbillonnaient lentement en un fascinant ballet aérien. Jean-Pierre s’arrêta, saisi par la beauté de cette vision. Ce devait ressembler à cela, la saison des cerisiers en fleurs au Japon.
Leur course fut ralentie par le convoi de Mobilité de la Tour Eiffel. On était vendredi soir et en effet celle-ci devait être transportée. Cette idée vantée par l’équipe de la mairie en place s'intitulait « La Tour Eiffel dans votre quartier ». Elle promettait à chaque parisien la jouissance de la vieille dame d’acier près de chez lui au moins deux fois par an. Accompagnée d’une campagne publicitaire percutante (« La Tour à Eiffel à mes pieds, ça me plaît ! » lançaient les joueurs de l’équipe de foot de la ville en faisant des clins d'œil à la caméra), l’engouement avait été total et l’équipe à l’origine de cette idée de génie avait été élue avec 85% des suffrages. Un succès ! Les footballeurs avaient malgré tout déménagé à Miami peu après.