Note à moi-même :
Si un jour j'ai besoin d'acclamations, si j'ai besoin de me sentir le centre du monde, je sais désormais où aller : dans une maison de retraite.
Un enfant, c'est un peu comme la fève dans leur galette : toutes les personnes âgées veulent l'attraper.
- Oh, qu'elle est mignonne ! a dit une vieille dame.
- Oh, comment tu t'appelles ? j'ai entendu de tous les côtés.
- Elle est à qui ? a demandé un monsieur qui était arrivé "en courant" avec son déambulateur.
Leur point commun (en dehors du fait qu'ils sont tous vieux) : ils ont tous un petit air de Yoda. (pp. 19-20)
- Il s'agit d'un projet top secret, dit lentement la froufroutante en regardant autour d'elle d'un air méfiant comme si elle y voyait quelque chose. De la littérature canine : des livres pour chiens que j'ai écrits moi-même, ajoute-t-elle devant mes yeux ronds.
- Pour chiens ?
- C'est très sérieux ! Ces manuscrits ne doivent surtout pas tomber entre de mauvaises mains. Ça pourrait être... catastrophique !
- Catastrophique ? Mais les chiens ne savent pas lire, j'avance en levant un sourcil.
- Ce n'est pas eux qui les lisent, voyons ! Il faut leur lire ! Vous êtes sûre que vous avez fini vos études de commissaire ou d'investigatrice, ou de ... Comment dites-vous ?
- Enquêtrice, je répond avec aplomb. Oui, oui, je les ai finies avec succès.
Techniquement, c'est tout à fait vrai. Après trois heures intensives de lecture du magazine "Deviens une enquêtrice avec Génialgénialo", j'ai brillamment coché les cases de l'examen et j'ai donc tout à fait légitimement pu découper mon "Permis génialigénialissime" d'enquêtrice spécialiste. (p. 9-10)
Acte IV - 15h30 : Traité de paléontologie
En sortant de l'école, je me suis dirigé vers la bibliothèque. Quel rayonnage visiter juste au début des vacances d'été ? Non, pas le rayon voyage. Pas de guide sur l'Italie, la Grèce ou une île paradisiaque. Au lieu de ça, je suis allé me renseigner un peu sur les joyeusetés de mon été :
Soins aux personnes âgées. Arthrose et maladies séniles. Vieillissement et déplacements.
J'avais vu un documentaire sur les maisons de retraite quelques jours plus tôt et j'en faisais encore des cauchemars. Si je devais passer plusieurs semaines chez mes grands-parents, il fallait que je me prépare psychologiquement. Je n'avais aucune idée de ce à quoi m'attendre, alors je parcourais tous les chapitres.
Une heure plus tard, j'étais livide avec des nuances de vert. Ce livre n'aurait jamais dû contenir de photos, les mots étaient déjà bien assez explicites. (pp. 36-37)
Je le connais un peu, monsieur Despresses, car il édite nos manuels scolaires et qu'il est venu un jour présenter son métier en classe. Il n'a pas l'air d'un voleur de manuscrits, mais c'est sans doute une ruse qu'il utilise. En même temps, quand on édite des livres destinés à faire travailler les enfants, on a déjà un pied dans la délinquance. (p. 17)
Elle est toujours si délicate, toujours pleine d'égards. Elle a dû être char d'assaut dans une autre vie possible. A vérifier. (p. 164)
La plupart des gens jouent avec leur téléphone portable. Leur tête est vide. Quelle paix ! On entendrait une mouche voler.