Ce que j'aime, c'est le bruit du papier quand on tourne les pages. Le bruit du froissé, du palpé. Sur l'ordinateur, quand on ouvre un document, ils nous ajoutent un petit cliquetis artificiel, tu as remarqué ? C'est pour nous donner l'illusion qu'il y a de la matière là-dedans, parce que la matière, ça fait forcément du bruit. C'est censé être rassurant.
Il s'inquiétait beaucoup pour tous ces gens qui se démenaient et qui se rendaient malades à vouloir saucissonner la terre et à distinguer ce qui leur appartenait de ce qui ne leur appartenait pas encore. Il se demandait ce qu'ils feraient de leurs heures une fois qu'il n'y aurait plus rien à posséder.
Il prend son essor. A aucun moment ses pieds ne semblent ne semblent toucher le sol. Nils contemple le déploiement des muscles qui roulent sous la peau hâlée. Il coule, il ondule, il jaillit, il se répand. Nils le boit du regard, se repaît de la vue du cou et de la poitrine haletante, des avant-bras robustes parcourus de veines saillantes. Lorsqu'il finit sa variation, un sourire éblouit subitement son visage, un sourire qui fait rire ses yeux.
J'ai cru que ce serait l'histoire d'un homme et d'une femme qui se rencontrent. Qui font connaissance. Quelque chose de simple. Quelque chose de doux. Non, décidément, je crois que je ne sais pas faire. J'ai imaginé quelque chose de spontané. J'ai imaginé tout à fait autre chose que ça. Là est peut-être ma faute : d'avoir imaginé.
Il n'y a pas de réelle rencontre que déjà, il y a absence, il y a silence. Il n'y a pas de tentative que déjà, il y a renoncement. Il n'y a pas d'attachement que déjà, il y a abandon.
Il a choisi la danse parce qu'un danseur, ça a la chance d'être tout ça à la fois : un bourreau de travail, un grand amoureux, une peau de vache, un prince, un mystique, un redoutable guerrier.