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2.85/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Toronto, Ontario , 1960
Biographie :

Martha Baillie est poétesse et romancière canadienne.

Elle est diplômée en langues vivantes (le français et le russe) à l'Université d’Édimbourg et a poursuivi ses études à la Sorbonne, à Paris et à l'Université de Toronto.

Après s’être intéressée au théâtre, elle s’est tournée vers l’écriture. "My Sister Esther", son premier roman, a été publié en 1995.

Après "La Disparition d'Heinrich Schlögel" (The Search For Heinrich Schlögel, 2014), son cinquième roman, "Si Clara..." (If Clara, 2017) est son second roman traduit en français chez Jacqueline Chambon.

En plus de son activité d'auteur, Martha Baillie est bibliothécaire à temps partiel à la Bibliothèque publique de Toronto.

Elle vit à Toronto avec son mari et sa fille.

son site : http://marthabaillie.ca/
Twitter : https://twitter.com/marthabaillie?lang=fr
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Tout à coup, le rideau s'ouvre au pied de mon lit, et révèle la présence d'une femme qui a perdu l'équilibre dans un tramway et s'est brisé le fémur. Celle qui se trouve dans le lit d'à côté est tombée sur un trottoir et s'est fracturé le pied à plusieurs endroits. Moi, j'ai fait une chute de vélo : tibia cassé et broyé. Nous sommes les vieilles, les insipides invalides : plus de soixante-dix ans, sauf moi, qui ai tout de même déjà vécu plus d'un demi-siècle. L'hôpital s'emploie sans doute à nous dissimuler aux regards des jeunes tombés de cheval, de moto ou d'un toit, à qui nous donnerions une image trop démoralisante de la décrépitude.
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Ma soeur est folle. Cette certitude s'est plaquée comme un énorme aimant au milieu de ma conscience, attirant tout vers lui : les vieux érables, les nuages voyageurs, l'abribus, l'herbe rase, les maisons étroites pressées les unes contre les autres, les voitures qui passaient. Pourquoi, pourquoi avais-je refusé d'admettre si longtemps qu'elle était folle ?
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Nous, les malades mentaux, nous sommes aussi des réfugiés.
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Julia
Dans sa chute, son couvre-chef de feutre marron se sépare de sa tête. Ils basculent, homme et chapeau, dans l’air blanc jaunâtre. L’homme trapu porte une chemise de tissu grossier ; il choit tête la première, ses pieds chaussés de brun pointant vers le ciel. Ressuscité à Gênes en 1872, le personnage fait partie d’une série de représentations d’humains qui tombent, commandée par des habitants et des étrangers victimes d’un
violent accident. Ils remercient ainsi le saint qui les a sauvés.
En dépit de sa profonde méfiance à mon égard, ma sœur Clara m’achetait des livres d’art. Comme elle disposait de pas mal de temps pour vagabonder d’une librairie de livres d’occasion à l’autre, il lui arrivait souvent de dénicher des volumes insolites à prix réduit.
Elle avait l’œil affûté et était attirée par les laissés-pourcompte.
Le petit livre de reproductions de tableaux votifs naïfs est son dernier présent. Après quoi, elle a disparu de ma vie pendant plusieurs années.
Nous nous étions retrouvées dans un café sur College Street. D’énormes nuages blancs apparaissaient au-dessus du toit plat des immeubles, de l’autre côté de la rue, et ballonnaient dans le ciel bleu. Ma sœur a foncé droit sur moi. Avant même de prendre une chaise et de s’asseoir, elle a sorti un mince volume de son sac à bandoulière. Trois ans de plus que moi, intelligente; un teint parfait, de grands yeux gris tirant parfois vers le bleu, front haut, visage allongé, bouche large. La blancheur laiteuse de sa peau m’a souvent donné envie de troubler l’ordre public, d’agiter les bras et de crier – ou de fuir son insoutenable pureté.
C’était particulièrement vrai quand j’avais quatorze ans et que j’étais douloureusement consciente de l’imprévisibilité de mon corps et de son empressement à me trahir. Ce jour-là comme pendant toutes ces années, le regard que Clara m’a lancé était interrogateur, mais il questionnait de loin, comme si elle m’observait avec des jumelles.
Je l’ai remerciée pour le livre, que j’ai feuilleté avec précaution. Et avec un grand sourire.
« Tes choix sont toujours parfaits. Tu me connais si bien !»
Tandis que je prononçais ces paroles, je me demandais si j’y croyais encore. J’ai sorti une petite enveloppe de ma poche, la lui ai tendue, en hésitant : «Je
sais que tu n’en veux pas, mais je te la donne quand même pour que tu puisses, si tu le désires, la déchirer sans en lire un mot. Maman m’a suppliée de te la remettre, alors voilà.»
Elle a glissé l’enveloppe dans les profondeurs de son sac, m’a demandé quels livres j’avais lus ces derniers temps. Comme je n’arrivais pas à choisir parmi plusieurs titres, j’ai éludé. « Pas mal de choses…
– Julia.
– Oui ?
– Ton prénom a une sonorité si respectable!»
Le mot que je lui ai remis l’a incitée à nous fuir pendant deux ans. Elle a ensuite repris contact avec ma mère, et avec moi, pour finalement rejeter, récemment, toute communication quelle qu’elle soit. Dans le dictionnaire: Fuir : s’éloigner en toute hâte pour échapper à quelqu’un ou à quelque chose de menaçant.
Quelqu’un ou quelque chose que l’on craint, que l’on déteste.« Fuir» est le terme qui convient.
J’ai rangé dans un tiroir de mon bureau le volume de reproductions qu’elle m’a offert à l’aube de sa première disparition. Comme une sorte de talisman.
Quand on ouvre le livre, on y voit des serveurs qui tombent des fenêtres, des fermiers qui tombent des arbres, des enfants qui tombent des balcons. Chaque sujet, emprisonné dans une pâte épaisse appliquée à gros coups de pinceau, est immobile dans les airs, suspendu au regard d’un saint aux yeux levés vers le ciel.
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Touche pas le téléphone et il ne pourra pas te toucher - c'est ma devise. J'en avais un, de téléphone. Envoyer des messages était trop facile. Tu envoies, tu envoies, tu envoies et quelqu'un finit par en savoir beaucoup trop sur toi. Et ce n'était pas ton intention. Aucun retour en arrière possible - c'est ça la vie avec un téléphone. Pendant que tu communiques avec l'extérieur, les autres communiquent avec ton intérieur.
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Les malades mentaux sont des espaces niés
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Faire confiance à un être humain n'a aucun sens. Vous connaissez quelqu'un qui n'a jamais menti ? On fait confiance par nécessité, pas parce que les autres en sont dignes.
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j’ai fredonné un truc pour couvrir les voix, mais elles parlaient trop fort. Crier les aurait peut-être fait taire, mais je ne crie pas en public
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Ma maladie n'est pas contagieuse, pas besoin de mettre vos gants de latex. Vous ne m'offensez pas. Je sais que je suis mal en point.
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Il n'était même pas sur d'avoir une soeur.
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