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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
J'ai appris que le problème des autres est pareil au mien. Que s'en sortir tous ensemble, c'est de la politique. Et s'en sortir tout seul, de l’avarice.
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Chère Madame,
Vous ne vous rappelez même pas de mon nom. Il est vrai que vous en avez tant recalés.
Moi, par contre, j'ai souvent repensé à vous, à vos collègues, à cette institution que vous appelez l’“école“, et à tous les jeunes que vous “rejetez“.
Vous nous rejetez dans les champs et à l’usine, puis vous nous oubliez.
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Il y a deux ans, en première année de l’École normale, vous m’intimidiez.
Du reste, la timidité m’a suivi toute la vie. Gamin, je ne levais pas les yeux de terre. Je frôlais les murs pour qu’on ne me voie pas.
J’ai d’abord pensé que c’était une maladie que j’avais, ou que peut-être ça tenait de ma famille. Il faut dire que ma mère est de ces femmes qu’intimide un formulaire de télégramme. Mon père observe, écoute, mais sans parler.
Plus tard, j’ai cru que la timidité était un mal des montagnards. Les paysans de la plaine m’avaient l’air sûrs d’eux. Les ouvriers, n’en parlons pas.
Mais je me suis aperçu que les ouvriers laissent aux fils à papa tous les postes de commande dans les partis et tous les sièges au parlement.
C’est donc qu’ils sont comme nous. Et que la timidité des pauvres est un mystère qui remonte à loin. Je ne saurais pas vous expliquer pourquoi, moi qui suis en plein dedans. Peut-être que ce n’est ni de la lâcheté ni de l’héroïsme. Que c’est seulement un manque d’arrogance.
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C’est comme ça qu’on a fait connaissance avec vous. À travers les élèves dont vous ne vouliez pas.
On s’est aperçu, nous aussi, qu’avec eux, faire l’école devient plus difficile. On a quelquefois envie de les envoyer paître. Mais, si on les perdait, l’école ne serait plus l’école. Elle serait un hôpital qui soigne les gens en bonne santé et renvoie les malades. Elle deviendrait un instrument de ségrégation toujours plus irrémédiable.
Vous n’avez pas envie de jouer ce rôle-là dans le monde ? Alors rappelez-les, insistez, recommencez depuis le début, à l’infini, quitte à passer pour des fous.
Il vaut mieux passer pour fou qu’être un instrument du racisme.
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Il y avait aussi, à leur programme, quelques morceaux choisis qu’ils savaient lire et traduire.
Si un inspecteur était passé, ils auraient fait meilleure impression que nous : l’inspecteur ne sort jamais du programme. Vous savez pourtant aussi bien que lui que ce français-là ne peut servir à rien. Alors pour qui le faites-vous ? Vous, pour l’inspecteur. Lui, pour l’inspecteur d’académie. Et lui, enfin, pour le ministre.
C’est là l’aspect le plus déconcertant de votre école : elle n’existe que comme fin en soi.
[...]
Les fins de vos élèves sont aussi un mystère. Peut-être rien, peut-être quelque chose de vulgaire.
Jour après jour, ils étudient pour leur carnet, pour leur bulletin trimestriel, pour leur diplôme, pour leur bac. En attendant, ils ne s’occupent pas de toutes les belles choses qu’ils étudient. Les langues, l’histoire, les sciences : tout se réduit à des notes et à rien d’autre.
Derrière ces petits bouts de papier, il n’y a que les petits intérêts de chacun. Le diplôme vaut des sous. Aucun de vous ne le dit. Mais, en fin de compte, c’est la seule vérité.
Pour avoir envie de travailler dans vos écoles, il faudrait être arrivistes à douze ans.
Les arrivistes à douze ans ne sont pas bien nombreux. C’est si vrai, que la plupart de vos élèves détestent l’école. La vulgarité de votre offre ne méritait pas qu’ils réagissent autrement.
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Du reste, il faudrait s’entendre sur ce que c’est que la langue correcte. Ce sont les pauvres qui créent les langues et qui ne cessent de les renouveler de fond en comble. Les riches les cristallisent pour pouvoir se moquer de ceux qui ne parlent pas comme eux. Ou pour les recaler.
Vous dites que le Pierino du docteur écrit bien. Bien sûr, il parle comme vous. Il fait partie de l’entreprise.
Mais la langue que parle et qu’écrit Gianni est celle de son père. Quand Gianni était petit, il appelait la radio « lalla ». Et son père, tout sérieux : « On ne dit pas lalla, on dit aradio ».
Ce sera bien, si c’est possible, que Gianni apprenne lui aussi à dire « radio ». Votre langue pourrait lui servir. En attendant, ça n’est pas une raison pour le mettre dehors.
« Tous les citoyens sont égaux sans distinction de langue. » C’est la Constitution qui l’a dit en pensant à lui .
Mais vous, vous respectez plus la grammaire que la Constitution.
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La grammaire, on ne la voit venir que lorsqu’on commence à écrire. Tant qu’il ne s’agit que de lire et de parler, on peut s’en passer. Et puis, petit à petit, on l’apprend à l’oreille. Plus tard, ceux qui y tiennent pourront l’étudier.
Du reste, c’est comme ça qu’on fait avec notre propre langue. Il y a huit ans qu’on la parle lorsqu’on reçoit sa première leçon de grammaire. Et il y a trois ans qu’on la lit et qu’on l’écrit.
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Il faut supprimer les examens. Mais si vous en faites, faites au moins qu’ils soient loyaux. Qu’on mette les difficultés en proportion de ce qu’il peut s’en présenter dans la vie. Si vous en mettez plus, c’est que vous avez la manie du piège. Comme si vous faisiez la guerre aux élèves.
Et pourquoi la faites-vous ? Pour leur bien peut-être ?
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