"Il va de soi que tous les chrétiens de cette époque n’étaient pas, loin s’en faut, des meurtriers enragés et il serait injuste et partial de ne pas rappeler que beaucoup s’opposèrent à la persécution des païens. On a ainsi vu, vers 388, l’église ésotérique des valentiniens (du gnostique Valentinius) se liguer contre les moines de Callinicum, s’attirant alors la destruction de leur chapelle et la haine tenace d’Ambroise de Milan, le « scorpion cisalpin », qui leur reprocha leur proximité avec le paganisme (cf. Ambroise de Milan, Lettres, XL, 6 et suiv.). Le catholique bordelais Ausone, une fois désigné comme consul (en 379), exhorta les empereurs chrétiens à permettre aux gens d’avoir « la liberté de se tromper », « securitas erroris humani » (Action de grâces pour le consulat, 2). Déjà, sous Constance, l’évêque Hilaire de Poitiers dénonçait la spoliation des temples païens au profit des églises (cité par Paul Allard – cf. Le christianisme et l’Empire romain, Lecoffre, 1897). De son côté, l’évêque Jean « Chrysostome » osa déplorer le soutien manifeste et l’acceptation totale que certains chrétiens d’Orient apportaient aux homosexuels persécutés par Théodose (cf. Adversus oppugnatores vitae monasticae, III, 8). Malheureusement, toutes ces voix minoritaires seront bientôt étouffées dans le brouillard de l’obscurantisme – et ce pour une période de mille ans." (Tome II)
"La persécution du paganisme amena aussi l’Église à adopter des comportements parfaitement délirants. Après avoir provoqué une catastrophe écologique en déracinant les bois sacrés plantés en hommage aux Dieux, les ecclésiastiques s’en prirent aux animaux liés à l’ancienne religion. Par exemple, le chat, vénéré comme un animal divin dans les cultes antiques (Bastet, Isis, Artémis, etc.), devint par contrecoup une créature "démoniaque", amie des " sorcières" et des succubes, inexorablement vouée au lynchage systématique (cf. Katherine Quénot, Le Livre secret des sorcières, Albin Michel, 1994). L’Église catholique a ainsi fait exterminer des millions de chats au Moyen Âge, sur ordre direct des papes successifs. Le pape Grégoire IX, qui établit l’Inquisition en France le 20 avril 1233, promulgua dans la foulée une bulle ordonnant de "tuer tous les chats, qui sont les serviteurs du Diable" (Bulle Vox in Rama du 13 juin 1233). Ce qui fut radicalement accompli en quelques décennies. Aucun chrétien n’était plus autorisé à posséder un chat sous peine de mort. "L’Église catholique a entrepris une tentative concertée d’exterminer les chats du continent", a souligné le scientifique John Bradshaw, directeur du célèbre Anthrozoology Institute de l’Université de Bristol (cf. John Bradshaw, La vie secrète des chats, éditions Ada, 2014)." (Tome II)
Les Guerres de Religion dans l'Antiquité tardive et et le Haut Moyen Âge, de Constantin à Charlemagne