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Citation de Erik35


Étienne DAVODEAU : - «Comme on va pas mal en parler dans ce bouquin, tu peux me rappeler ce que c'était, le SAC ?
Benoît COLLOMBAT : - C'était le "Service Action Civique"... Même s'il n'avait que peu à voir avec le civisme !
- Et c'était quoi exactement, son rôle ?
- C'est bien le problème... Officiellement, le SAC est une simple association créée en 1960 par des fidèles du Général de Gaulle, comme Jacques Foccart, Alexandre Sanguinetti ou Roger Frey, pour "défendre sa pensée et son action"… Deux ans plus tôt, en 1958, ces mêmes fidèles avaient soutenus l'arrivée au pouvoir du Général dans des conditions proche d'un coup d'état. C'était l'opération "Insurrection". Il s'agissait pour les gaullistes de contrer un autre coup d'état, mené au même moment par des militaires partisans de l'Algérie française. Et en 1961, à Alger, un putsch tente à nouveau de renverser le pouvoir. Dans le tumulte de la guerre d'Algérie, le rôle du SAC consiste donc à "verrouiller" le pouvoir gaulliste contre tout débordement potentiel.
- Ok, je comprends mais... concrètement, les militants, ils font quoi sur le terrain ?
- Un véritable travail de service d'ordre ! Ils surveillent les meetings électoraux, protègent les candidats gaullistes, effectuent des opérations "coup de poing" contre les militants communistes...
- Une sorte de police privée...
- Oui. Le SAC fonctionne comme une véritable organisation parallèle au pouvoir... dont il a la bénédiction ! L'ancien patron du SAC, de 1962 à 1969, ex-garde du corps du Général, Paul Comiti, avait une expression assez éclairante : il disait qu'il s'agissait de "s'adresser au Bon Dieu sans passer par les curés".
- Le "Bon Dieu", c'est de Gaulle ?
- Bien sûr. Sauf qu'au nom de "l'idéal gaulliste", le SAC se transforme en organisation mafieuse...
- Une mafia ? Tu n'exagères pas un peu ?
- Non. Je ne te dis pas que c'est la même chose qu'en Italie, mais ça y ressemble par certains aspects : des truands intègrent rapidement le mouvement. Parmi eux, certains ont rendus de "grands services" pendant la guerre d'Algérie. Leur carte du SAC - tricolore ! - les protège. Des gens sont assassinés en toute impunité. Le président Pompidou tente d'épurer le mouvement en 1968, mais ça ne change pas grand-chose. Dans les années 70, le SAC possède des relais puissants au sein de la police, de la justice, du syndicalisme. C'est un véritable "État dans l'État" dirigé de façon souterraine par le "Monsieur Afrique" du gaullisme, Jacques Foccart.
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