Notre propos serait caricatural s'il avait pour objet de conduire les enfants à réaliser, tout au long de leur scolarité, leurs apprentissages dans le seul domaine du concret. Loin de là! Nous cherchons au début à déclencher une réflexion grâce au concret. L'enfant devient mathématicien quand il est capable, en présence du matériel, d'effectuer des opérations, c'est-à-dire des actions qui peuvent se coordonner entre elles. Mais par la suite, il raisonnera sans objets. En effet, pour parvenir à une pensée adulte, l'enfant doit pouvoir imaginer une action et son inverse en l’absence de matériel. En revanche, il ne pourra jamais l'imaginer s'il n'a pas fait d'actions semblables de près ou de loin, dans sa vie.
Pour accompagner cette structuration, nous proposons une pédagogie active de l'intelligence: l'enfant construit ses évidences en traitant les problèmes que lui pose le monde physique, évidences qui, en s'intellectualisant, deviendront mathématiques. Nous voulons notamment montrer que l'on n'apprend pas à compter seulement en comptant [...].
Prenons un exemple simple: pour conduire votre voiture, vous faites des mouvements dans un certain ordre; pendant la conduite, vous associez des groupes de gestes à chaque situation familière, qui ressemble à une situation déjà vécue; vous anticipez des situations imprévues , différentes des précédentes. En établissant des relations entre des choses, des personnes ou des idées, en en vérifiant la cohérence et la bonne coordination par le biais de la logique, vous pensez de façon mathématique. Tous les jours, vous établissez des relations de ce type. Ce, depuis votre naissance.
Le psychologue suisse Jean Piaget a, le premier, montré ce lien entre mathématiques et les structures de notre pensée.