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Critiques de Bernard Dupaigne (6)
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Afghanistan. La mémoire assassinée

Un essai sur le devoir de mémoire, avec de belles références littéraires.
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Désastres afghans: Carnets de route, 1963-2014

Dans le prologue de ce gros carnet de voyage, Bernard Dupaigne explique en quelques mots son amour pour un pays sauvage à la sérénité perdue qu'il parcourait déjà à vingt ans, à pied, à cheval et en camion. Le reste du livre est beaucoup factuel, s'appuyant sur les notes manuscrites prises en temps réel et les souvenirs qui perdurent. Anthropologue au musée de l'Homme, l'auteur a fait de multiples séjours personnels ou professionnels en Afghanistan sur une période de 50 ans.



L'histoire intime de l'Afghanistan se raconte comme un triste roman, terrain de guerres multiples avec soviétiques, talibans, et interventions internationales. L'esprit clanique de gouvernance du pays, l'archaïsme de ses traditions, et le rejet de toute ingérence étrangère mettent à mal toute tentative de reconstruction et de paix durable.



Pas ses chapitres aérés, le document se lit aisément, semé d'anecdotes et de rencontres. On approche au plus près la vie des combattants, le quotidien de la population. On accompagne entre les lignes un homme en colère devant le gâchis de 30 ans de destructions, devant l'incurie des aides humanitaires et des interventions militaires. Trop d'argent dilapidé, trop de corruption, trop de manipulations, trop d'ambitions personnelles grèvent le développement et les tentatives de démocratie. Le pays, tentant le triste premier rang mondial de producteur d'opium, est un brûlot d'insécurité larvée, terreau fertile pour tout obscurantisme religieux.



Édifiant.
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Le Scandale des arts premiers : La véritable ..

L'indignation! Tel est le sentiment qui semble avoir inspiré un réquisitoire à l'ethnologue Bernard Dupaigne sur le musée du quai Branly. Il y expose les conditions dans lesquelles le musée a vu le jour.



«Si quelqu'un t'a mordu, il t'a rappelé que tu as des dents.» En justifiant ainsi sa colère avec ce proverbe africain placé en exergue de son livre, Le scandale des arts premiers, Bernard Dupaigne avoue sa blessure. Le livre de cet ethnologue qui dirigea le laboratoire d'ethnologie du musée de l'Homme de 1991 à 1998 est passé relativement inaperçu lors de l'inauguration du musée du quai Branly en juin dernier. Difficile, quand les arts premiers sont à l'honneur sur tous les plateaux de télévision et font la une des journaux, d'inviter au milieu des festivités un trouble-fête désireux de régler ses comptes! Sous-titre de l'ouvrage: La véritable histoire du musée du quai Branly. Guerres intestines, luttes d'influence, manoeuvres en tous genres, querelles d'écoles, coups bas, méthodes douteuses, tout y est consigné avec une patience d'ethnologue que parasite une indignation tout humaine que l'on ne peut s'empêcher de partager, mais par laquelle on n'a nulle envie de se laisser submerger. On reste étonné que les milieux culturels soient à ce point en proie au déchirement et que le dialogue avec des oeuvres d'art ne sache inspirer aux uns et aux autres plus d'urbanité.



Tout a commencé un 15 mars 1990 avec un manifeste «auréolé de signatures prestigieuses» que le marchand et expert en arts primitifs, Jacques Kerchache, fit paraître dans Libération: «Pour que les chefs-d'oeuvre du monde entier naissent libres et égaux.» Il s'agissait d'une mise en cause de certains responsables du Grand Louvre peu pressés d'y ouvrir une huitième section consacrée aux arts dits «primitifs». La réticence serait peut-être venue également - comment savoir? - de certains ethnologues qui n'auraient pas vu d'un bon ?il une présentation hors contexte de ces oeuvres. Tout cela donne, dès les premières pages, le tournis au lecteur. Dans les polémiques qu'il alimenta, Jacques Kerchache aurait donc joué sur les deux tableaux, les pièces d'art primitif étant tantôt indignes du Louvre en tant qu'oeuvres d'art, tantôt inséparables de leur contexte documentaire en tant qu'objets fonctionnels ou rituels.



Au fond ce marchand n'aurait été animé, dans toute cette affaire, que par son intérêt personnel. Mais, n'en déplaise à son détracteur, face à un musée de l'Homme et à un musée des Arts africains et océaniens qui depuis longtemps s'étaient endormis, il semble avoir été le seul capable de faire bouger les choses. Le manque de crédits a toujours bon dos et n'explique pas, à lui seul, l'absence de dynamisme et d'imagination de ces institutions. L'homme fut effectivement fort habile. Comme le renard de la fable, il sut tenir à ses interlocuteurs successifs un langage d'autant plus susceptible de les séduire qu'il était en accord avec l'air du temps. Son idée, par exemple, de faire du musée de la porte Dorée, après déménagement des collections, «un musée de l'histoire du colonialisme et des différents mouvements de libération» en est un superbe exemple qui fait écho au titre à peine démagogique du manifeste qu'il publia dans Libération. Jacques Kerchache a de l'imagination parce qu'il a du flair. Pourquoi pas «des expositions ponctuelles d'artistes contemporains de l'axe Nord-Sud»? Partout il avance ses idées comme on pousse des pièces d'échecs.



Contre ce joueur redoutable, le musée de l'Homme découvre rapidement qu'il ne peut rien. Bernard Dupaigne en a gros sur le c?ur. Aussi nous raconte-t-il par le menu l'invraisemblable genèse de ce musée dit du quai Branly. On le suit dans les coulisses du pouvoir, de l'Administration, du marché de l'art, dans les réserves des musées, les salles de vente; on le voit faire les comptes, éplucher les budgets sans cesse en dépassement, et toujours pister ce personnage fascinant qui s'introduit, monte des expositions, approche le prince, manipule, affabule, organise la rumeur. Jacques Kerchache aurait même «tâté de la prison au Gabon en 1965 [à 23 ans] pour avoir exporté illégalement "une vingtaine" de reliquaires sacrés.» Bernard Dupaigne, on l'a bien compris, ne l'aime pas, mais c'est à Jacques Chirac qu'il entend «rappeler qu'il a des dents». Il lui reproche d'avoir cru trouver en cet «aventurier mythomane» un nouveau Malraux et de s'être laissé manipuler espérant ainsi «redorer le prestige de la France dans le continent noir». Toutes les attaques ne sont pas de la main de l'auteur qui semble s'être fait ici le porte-parole de gens en colère. On ressort de cette lecture abasourdi, finissant par soupçonner nombre de responsables culturels de n'avoir peut-être jamais véritablement aimé les oeuvres dont ils avaient la charge.



http://www.lexpress.fr
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Afghanes

Le livre est paru en 2009, mais le reportage photo de Titouan Lamazou a été fait en 2004, période de l’occupation par les forces de coalition de l’OTAN, américaines et européennes sur le territoire. Epoque très instable politiquement et socialement car la résistance des talibans était encore très active et la crainte des habitants dans les campagnes, victimes de « dégâts collatéraux » des attaques militaires, l’ont obligé à être très prudent pour lui, pour son chauffeur et ses collaboratrices. A l’instar de son livre « Femmes du monde » paru en 2007, son projet initial était de rencontrer des femmes, de les photographier et d’en faire le portrait. Face à la difficulté, dont l’opposition des hommes de la famille, il a choisi des veuves (très nombreuses) pour réaliser son document illustré. Avec son équipe, Claire Duguet sa collaboratrice, Chabeka, camerawoman et traductrice afghane et Mohamed, le chauffeur, ils ont sillonné plusieurs régions accessibles et le résultat est un témoignage émouvant et poignant, tant la réalité de chacune de ces femmes est bouleversante.

Il a ainsi photographié et croqué 12 femmes de communautés différentes qui ont confié leur histoire, avant et après leur veuvage. Elles ont décrit leurs difficultés quotidiennes car sans ressources. Elles ont fait le constat de leur vie, confié leur espoir dans l’avenir, ou bien désespérées, leur lassitude. Sans reconnaissance par la famille du défunt mari, elles ont rejoint le foyer de leurs parents, un père veuf, ou bien une mère seule, avec parfois une kyrielle d’enfants en bas âge. Bernard Dupaigne (professeur au musée l’homme), grand connaisseur du pays, conclut chaque témoignage par une analyse historique et géopolitique de la région traversée et de la communauté en question.

Au-delà de l’aspect « beau livre », cet ouvrage donne une approche authentique de ce pays livré à la guerre depuis 25 ans (en 2004), dont la population constituée de communautés aux origines et cultures différentes est aujourd’hui soumise aux dogmes obscurantistes des fondamentalistes religieux.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Désastres afghans: Carnets de route, 1963-2014

Voilà effectivement de vrais carnets de route. Pendant 51 ans, nous suivons les différents voyages de Bernard Dupaigne en Afghanistan, et nous comprenons bien le choix du titre de son livre. Quelles successions d'erreurs commises par tous ceux qui ont voulu aider ce pays sans chercher à comprendre ses habitants et combien de personnes ont utilisé ce contexte à leur propre profit ! Ce livre est un journal, il y a donc parfois des répétitions, des constats identiques y sont relatés. Mais il est écrit de manière très claire. Les analyses sont très pertinentes et les enjeux présentés de façon limpide par quelqu'un qui a cherché à connaître les habitants de ce pays. Un livre à recommander à tous ceux qui veulent comprendre l'Afghanistan.
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Histoire du musée de l'homme. De la naissance..

L’histoire du Musée de l’Homme est en creux celle d’une science constamment bousculée par les mutations de notre idéologie.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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