Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. Bernard Lamarche-Vadel
Lorsque j'écris sur une oeuvre, souvent au milieu du gué, je m'efforce de m'éloigner de mon regard actuel sur celle-ci, et je tente de voyager jusqu'au bout de moi-même, juste avant que la nuit ne tombe, je mime un instant le regard du vieillard que je ne serai peut-être pas. Exercice somnambulique pour savoir ce que je retiendrai de ce que j'envisage à l'heure où je ne tiendrai à presque rien. L'heure du choix sévère dans ces derniers jours au-delà de tout choix personnel, lorsque ce sont les images qui vous choisissent et non l'inverse.
Il est bien connu, je suppose, que certains états, s'ils sont nommés, si les mots sont venus, pour les dire, pour les qualifier, sont des états qui se transforment, se dilatent ; d'une certaine manière, alors, ces états empirent, parce que les mots sont là, comme une citadelle qui protège cet état. Et l'état prend toutes ses aises, chez l'humain, lorsqu'il a dit dans quel état il se trouve.
Allant et venant quai de l'Argonne, je voyais éclore ensemble toutes les formes des choses visibles sur terre, au bord de la Marne, puis dans cette liasse infinie de contours, le soleil épanouissait les couleurs et, le jour venu, les textures apparaissaient, objets fragiles et transitoires soumis aux aléas des éclairages changeants que j'observais. (p. 111)
(...) Mouillot ne vit plus qu'un point sur la carte nommé Le Puy qui serait le cercle fatal de son incarcération. (p. 125)
Tout est symbolique car tout est symbolique.