C'était proche de la cité, Kalydon la marine, dans un bois silencieux dont les derniers arbres expiraient sur la grève où le flot venait mourir, que Corésos avait, pour la première fois, rencontré Kallirhoé. Et, en lui, le souvenir était demeuré inaboli, de ce soir calme où l'or des oranges mûres baignait dans la poudre d'un or plus intense : l'or essentiel et merveilleux du soleil, caressant d'une dernière ivresse de rayons la cime sanglotante des vagues et les ramures qui s'abaissaient pleureuses, dans la douleur ancienne et cependant renaissante de la mort des clartés.
Bernard Lazare, Le Miroir des légendes, "Le sacrifice"